Info France 3 Midi-Pyrénées : l’équipe de Jacques Montagut, directeur de l’Institut IFREARES, annonce la première naissance française de jumeaux après vitrification ovocytaire pour préservation de la fertilité.
Les femmes pourront désormais préserver leur fertilité comme seuls pouvaient en bénéficier les hommes jusqu'à présent.Un mois après l’autorisation par la loi de bioéthique (7 juillet 2011) de pratiquer la conservation d’ovocytes par une nouvelle technique, une première tentative est proposée à une femme de 40 ans. La fécondation in vitro des ovocytes conservés pendant 8 mois à moins 196 degrés est réalisée en mars 2012 et deux embryons sont transférés chez la maman. De superbes jumeaux garçon-fille (Naël et Yasmine) naissent à la Clinique Saint-Jean-du-Languedoc, le 4 décembre 2012.
Trois questions à Jacques Montagut, directeur de l'IFREARES, qui a réalisé cette première en France :
1) En quoi consiste la vitrification ovocytaire ?
Jacques Montagut : "La vitrification ovocytaire est une technique récente permettant de conserver de la façon la plus sure, des ovocytes. Elle consiste à abaisser la température de l’ovocyte de 37°C à moins 196 °C en une seconde, contrairement à la congélation classique qui peut prendre plus de deux heures. Grâce à ce refroidissement extraordinairement rapide, dans un tout petit volume, la glace n’a pas le temps de se former, c’est un gel qui se forme, diminuant considérablement le risque d’endommagement cellulaire".
2) Comment et pourquoi votre institut a-t-il réussi cette première française ?
Jacques Montagut : "Il faut savoir tout d’abord que la loi française n’autorise cette technique que depuis le 7 juillet 2011. Dès 2009, nous nous étions préparés auprès d’une équipe pionnière à l’étranger et attendions le feu vert en France. Un mois après la loi, une première patiente de 40 ans avec une faible réserve ovocytaire a pu bénéficier d’une vitrification de deux ovocytes pour une tentative de fécondation in vitro différée au mois de mars 2012. Ses deux ovocytes fécondés in vitro ont permis le transfert de deux embryons avec une grossesse double qui s’est déroulée sans problème jusqu’à la naissance de jumeaux, le 4 décembre 2012, à la Clinique Capio Saint-Jean du Languedoc de Toulouse : un garçon Naël (2410g) et une fille Yasmine (2870g), en parfaite santé. Depuis 2004, notre Institut s’intéresse à la préservation de la fertilité de la femme : il est heureux qu’elle puisse grâce à l’avancée technologique de la vitrification ovocytaire, être à l’égale de l’homme dans la préservation ovocytaire".
3) Quelles patientes sont concernées par cette nouvelle technique ?
Jacques Montagut : "Il s’agit des patientes en âge de procréer qui, pour des raisons médicales, relèvent d’une préservation de leur fertilité. Alors qu’elles ne sont pas en désir d’enfant, certaines femmes jeunes ont une faible réserve ovocytaire : pour elles, attendre serait les condamner à ne pas procréer plus tard avec leurs ovocytes. D’autres vont perdre leur réserve ovocytaire par un traitement stérilisant, par exemple pour un cancer dont elles vont guérir. La vitrification ovocytaire est un moyen rapide de préserver leurs ovocytes avant le traitement et de leur permettre d’avoir plus tard un enfant comme les autres, malgré la maladie qu’elles ont eu à traiter au préalable. J’ai toujours pensé depuis le projet du cancéropole à Toulouse, qu’une mutualisation de toutes les compétences toulousaines, au-delà des différences sectorielles, devrait permettre la mise en place une plate-forme pour la cryoconservation des gamètes des patient(e)s en âge de procréer et relevant de traitement stérilisant : une dimension éthique et sociale à la hauteur des enjeux thérapeutiques annoncés. Ce qui était de l’anticipation est devenu réalité : aux décideurs de prendre leurs responsabilités, à l’image du législateur pour la bioéthique" L’équipe a souhaité, pour protéger les heureux parents, attendre un mois avant d’annoncer cette réussite : un formidable espoir pour les femmes qui, pour des raisons médicales, pourront désormais préserver leur fertilité, comme pouvaient seuls en bénéficier les hommes jusqu’à présent.