Snake a choisi Toulouse comme cité d'attache urbaine. Sa renommée a largement dépassé la ville rose. Le graffeur signe des toiles murales dans des friches mais pose aussi sa griffe pour des clients prestigieux.
« Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? ». Cette allitération pure de Racine pourrait bien convenir à Snake, auteur de graffitis toulousain, qui a élargi sa palette en mettant en valeur sur tous les supports cet art majeur contemporain qu'est le graff. Sur son site, il se définit par un signe particulier : "crache du venin et mue tous les six mois", bien décidé à se remettre en question à chaque création.
Ce natif de Nîmes a choisi Toulouse comme lieu de résidence. "Je fais un travail de calligraphe moderne, en donnant leurs lettres de noblesse à la typographie, de manière simple et colorée dans la ville", explique-t-il dans ce reportage tourné par Odile Brisard et Jack Levé.
Il est un des rares graffeurs internationaux à vivre de son art. "Je n'ai pas choisi ça pour le confort mais pour l'aventure humaine, pour faire des petits pas vers une espèce de liberté".
Il signe les murs de ses cinq lettres, son empreinte typographiée. Mais pas question pour lui de dévoiler son visage ou son identité. Sur le papier, les murs désaffectés, les frontons d'église, les fresques ou les objets, seul importe pour Snake ce qu'il a à montrer. Dans une société où le culte de l'image est partout, il préfère étaler ses créations que sa personne.
Cet artiste discret a customisé des barres d'immeubles, des camions, un piano, des murs d'entreprises, des bureaux, des gymnases, des grilles de magasins... de Paris à Bordeaux, des cités urbaines européennes jusqu'à Tahiti où il échange avec d'autres graffeurs. Performance originale, le chef étoilé Thierry Marx, friand de street food, l'a sollicité pour marier les colorants alimentaires à la création picturale. Où qu'il se trouve, Snake met toute son énergie à réveiller et à colorer les villes.