Selon la CGT Cheminots, " on a frôlé la catastrophe" sur la ligne SNCF Toulouse-Tarbes. Mardi, des cheminots intervenant sur cette ligne ont découvert un rail cassé avec un tronçon manquant d'environ 1 mètre.
C'est une découverte plutôt inquiétante. Mardi 26 novembre, des cheminots intervenants sur une installation électrique à proximité de la gare de Carbonne en Haute-Garonne ont découvert un rail cassé avec un tronçon manquant d’environ 1 mètre. La CGT tire la sonette d'alarme : "si le phénomène de rail cassé n’est pas exceptionnel en soit, l’importance de celui-ci alarme les cheminots de la CGT : nous sommes passés là à côté d’une nouvelle catastrophe ferroviaire".Le deuxième rail cassé en moins d'une semaine
Selon la CGT, c'est le deuxième événement de même nature qui touche cette ligne en moins d’une semaine. Un autre rail cassé mais de moindre importance a fait l’objet ‘d’une intervention dans le secteur de Montréjeau. De quoi faire naître des inquiétudes, après la catastrophe de Brétigny-sur-Orge, dans l'Essonne, qui avait fait sept morts et de nombreux blessés cet été. Pour le syndicat, il y a une réelle alerte sur l’état de l’infrastructure de la ligne Toulouse-Tarbes. C'est là pour lui " le fruit de trop d’années de réduction de moyens humains et matériels dédiés à la maintenance du réseau ferroviaire. Ainsi, pas moins de 100 emplois de cheminots chargés de l’entretien du réseau ont été supprimés depuis 3 ans en Midi-Pyrénées".Un incident qualifié de "sérieux par Réseau Ferré de France
Réseau ferré de France (RFF), qui gère les infrastructures ferroviaires, reconnaît un incident "sérieux" sur une ligne assez "vétuste" mais qui pour cette raison doit faire l'objet d'un vaste programme de modernisation. Pour Christian Dubost, directeur régional de RFF, "dire qu'on a frôlé la catastrophe est exagéré". Mais il s'agit "quand même d'un incident sérieux" et RFF est en train de l'expertiser. "Cet incident témoigne d'un état général pas totalement satisfaisant de la ligne et on a besoin de prendre un certain nombre de décisions plus rapides que celles qu'on imaginait", a ajouté M. Dubost.Une ligne ancienne
Une quarantaine de trains, TER, trains intercités, TGV et trains de fret, empruntent quotidiennement cette ligne, qui fait l'objet d'une surveillance régulière.C'est une ligne ancienne, en particulier dans le secteur où s'est produit l'incident, avec des rails d'une cinquantaine d'années. "C'est le bon âge pour procéder à leur remplacement", a précisé M. Dubost. La CGT demande l'avancement du programme de travaux de rénovation et en attendant, que la vitesse soit limitée sur la ligne. "Là on a eu de la chance mais on ne peut pas s'en remettre toujours à la chance" dit Frédéric Konefal, élu CGT au comité d'entreprise.
Un programme de modernisation est en cours
Un programme de modernisation de plus de 300 millions d'euros a été arrêté pour la partie Midi-Pyrénées de cette ligne (de Toulouse à Saint-Pé de Bigorre) qui va jusqu'à Bayonne. Les travaux doivent débuter en 2016-2017 pour se poursuivre jusqu'en 2025. D'ici là, RFF, qui a réalisé 15 millions d'euros d'investissements sur la ligne en 2013, n'exclut pas de "faire un certain nombre de travaux déjà significatifs". L'inquiétude de Martin MalvyLe président de la Région Midi-Pyrénées fait part de sa "vive préoccupation" dans un courrier adressé à Jacques Rapoport, président national de RFF. Il lui demande "de faire toute la lumière sur les origines de ces incidents et d’engager des mesures nécessaires dans les meilleurs délais" et souligne que "les conséquences auraient manifestement pu être dramatiques".
Martin Malvy rappelle par ailleurs que la Région Midi-Pyrénées a engagé 400 millions d’euros pour la rénovation et la modernisation du réseau ferroviaire. Il souligne aussi que dès 2006, un audit du réseau avait montré l’état préoccupant de la ligne Toulouse-Tarbes, et la nécessité d’intervenir rapidement sur les installations ferroviaires pour garantir leur pérennité. "A la suite de cet audit, il avait été acté lors de l’élaboration du plan rail, que cette ligne, de dimension nationale, sortait du champ d’intervention de la Région Midi-Pyrénées, et qu’il appartenait en conséquence à RFF de mobiliser rapidement les moyens et les crédits nécessaires à sa remise à niveau. Or, rien n’a été fait depuis, et cet incident est le deuxième constaté sur cette ligne en moins d'une semaine, après la découverte d’une rupture d’entretoise de traverses entre Muret et Saint-Gaudens."