Les ferias de septembre en France ont attiré leur public. A Arles, Dax et Nîmes, il n'y a eu aucun "no hay billetes", mais les gradins se sont garnis et on a vu de belles choses. En Espagne en revanche la désaffection du public ce week-end est allée de pair avec la piètre qualité des spectacles.
Le compte rendu des corridas ressemble de plus en plus à celui des manifestations de rue. Selon qu'on se fie à la police ou aux organisations syndicales, le nombre de manifestants peut varier du simple au double.
À Séville dimanche, pour la dernière corrida de la feria de San Miguel, le site "Mundotoro" compte une demie-entrée, mais José Antonio Del Moral n'a vu qu'une place sur trois occupée.
La corrida-spectacle "The Maestros", qui a pourtant fait l'objet d'une importante campagne publicitaire, a rempli aux trois quarts l'arène couverte de Vista Alegre (Madrid) selon le site "Aplausos", et même "plus qu'au trois quart" selon "Mundotoro". Mais José Antonio Del Moral, très remonté ces temps-ci, il faut le dire, contre El Juli affirme qu'il n'y avait qu'une demi-arène "en comptant les invités".
À Pozoblanco "police et syndicats" sont d'accord : moins d'une demi entrée pour Manzanares et Ponce un jour et pour Mendoza le lendemain.
À Úbeda, le mauvais temps a "obligé" les organisateurs à annuler le spectacle, mais la recette au guichet était bien mince, affirme-t-on sur certains forums…
Il est difficile hélas de donner tort aux absents. À quelques exceptions près, les chroniqueurs dénoncent l'indigence des spectacles proposés tant à Séville qu'à Madrid.
Antonio Lorca était à Séville pour la feria de San Miguel. Dans "El Pais", il pose crûment la question : où sont les toros? Réponse : il a vu dimanche "six sardines avariées, six moribonds", mais aucun toro digne de ce nom. La veille, les toros de García Jiménez, ont offert un "jeu désastreux" si l'on en croit Fernando Carrasco, le critique d'ABC. Quant aux toreros, Juan del Álamo, David Galván et Pepe Moral le samedi; El Cid, Castella et Escribano le dimanche, aucun (à quelques nuances près) ne trouve grâce à leurs yeux.
L'événement de Vista Alegre samedi a été vécu de façon pour le moins contrastée par les journalistes spécialisés. Il s'agissait d'une corrida "spéciale" avec orchestre symphonique, petits plats préparés par un grand chef, toros minutieusement choisis et toreros de renom. Pour l'orchestre, la critique est unanime : l'acoustique du Palacio Vista Alegre est mieux adaptée aux boom-boom de la musique électronique qu'aux subtilités des violonades.
En fait de bétail, personne ne nie que les toros de Zalduendo et Domingo Hernández sélectionnés pour (et par) les artistes que sont Finito, Morante et Juli n'étaient pas des modèles de férocité, de force et de bravoure.
Mais là où Mundotoro a vu de "la magie" chez Morante et même une "grande faena" de la part de Juli, d'autres comme Andrés Amoros font remarquer que pour conclure de façon spectaculaire la saison, le plus indiqué aurait été de faire ce que faisait les figuras au temps où ce mot avait un sens : s'aligner au paseo des ferias importantes, comme par exemple la feria d'automne à Madrid ou la San Miguel à Séville.