Dans un communiqué publié ce mardi 3 décembre, la présidente de l’Assemblée de Corse a appelé à l’apaisement après les heurts survenus entre lycéens et forces de l’ordre la veille quant à l’interdiction, par la cour administrative d’appel de Marseille, d’utiliser la langue corse dans l’hémicycle de l’assemblée régionale.
“Cette mobilisation démontre l’attachement légitime de notre jeunesse à sa langue et à sa culture”. Au lendemain de heurts entre lycéens et forces de l’ordre en marge d’une manifestation contre l’interdiction de l’usage de la langue corse, décidée par la cour administrative d’appel de Marseille, à l’assemblée de Corse, sa présidente a réagi dans un communiqué.
Si Marie-Antoinette Maupertuis dit “comprendre leur émotion et leur colère”, elle précise néanmoins que “l’apaisement est nécessaire”. La présidente de l’Assemblée de Corse, qui a reçu une délégation d’étudiants vendredi dernier, précise : “Nous leur avons tous dit, chacun avec nos mots, que nous n’acceptons pas qu’ils soient aujourd’hui contraints de faire ce que nous avons fait quarante ou cinquante ans avant eux : aller dans la rue pour avoir le droit de parler notre langue. [...] Nous avons voulu démontrer à notre jeunesse qu’il y a d’autres chemins que celui de la violence pour faire reconnaître notre peuple et ses droits.”
Eri, oghje è dumane: lingua corsa, lingua ufficiale!
— Marie-Antoinette Maupertuis (@Maupertuis_N) December 3, 2024
« Emu bisognu di tè
Pè ùn esse for’ di ghjocu
Emu bisognu di tè
Pè ùn perde filu indocu
Pè tene incesu u focu
Di l’amore di stu locu
Per esse è per esse bè
Emu bisognu di tè »
Cumunicatu cumunu di a Presidente di l’Assemblea… pic.twitter.com/qXpYn8qFjy
“Proposer des solutions et des réponses concrètes”
De plus, afin que cet appel à l’apaisement “soit entendu de façon durable”, Marie-Antoinette Maupertuis indique qu’il faut également “proposer des solutions, et des réponses concrètes à la situation d’injustice faite à la langue, et contribuer à lui redonner sa juste place comme facteur d’appartenance et de cohésion sociale”.
La présidente de l’Assemblée de Corse espère ainsi que “les institutions de la Corse et la société corse tout entière s’emparent de la question du statut de la langue corse pour [...] permettre une coofficialité non seulement en droit, à travers la révision constitutionnelle proposée dans le projet d’écriture constitutionnelle qui doit être soumis au Parlement français, mais également en fait, grâce à la politique linguistique qui irrigue notre vie collective dans tous les domaines.”
Marie-Antoinette Maupertuis propose en ce sens la tenue d’une grande réunion au Gran’Palazzu de la collectivité de Corse dans les semaines à venir. Cette dernière regroupera tous les acteurs de la langue corse dans l’île. Son but : “réfléchir à un travail commun et une mobilisation collective pour définir les voies et moyens de renforcer la demande de révision constitutionnelle pour consacrer le statut de la langue corse, et la politique linguistique à mettre en œuvre dans tous les domaines pour renforcer la coofficialité dans les faits.”
12 collèges et lycées bloqués lundi
Lundi, 12 collèges et lycées de Corse ont été bloqués par leurs étudiants. Après des heurts entre certains jeunes et des forces de l’ordre, à Ajaccio, certains acteurs insulaires ont appelé au calme.
Parmi eux, le cardinal François-Xavier Bustillo qui a rappelé l’arrivée attendue du pape dans moins de deux semaines. À la suite de cet appel, le syndicat étudiant Ghjuventù Indipendentista a annoncé suspendre ses actions.