Lucien Clergue est mort ce matin à l'âge de 80 ans, quelques jours à peine après son grand ami Manitas de Plata.
Le travail photographique de Lucien Clergue, apprécié et collectionné dans le monde entier, est intimement lié à la ville d'Arles. Ses saltimbanques étonnants, des enfants déguisés posant au lendemain de la guerre dans la ville en ruine ; ses poignantes « charognes » trouvées sur les étroites plages du Rhône ; ses femmes nues dont les courbes se mélangent aux vagues de Faraman : Arles et l'œuvre de Clergue se sont regardées l'une l'autre en miroir depuis plus de 50 ans. Gageons qu'elles n'ont pas fini de le faire.
Quant à son œuvre dans les arènes, elle est marquée par l'idée de mort qui fut une obsession constante de l'artiste et par son intimité avec le personnage du torero, Clergue ayant maintes fois expliqué qu'il était frère de lait d'un torero, ayant partagé la même nourrice. Le premier sans doute, il a eu l'idée de s'allonger dans le callejón et de de cadrer les scènes de tauromachie en contre plongée , son appareil étant glissé au-dessous du marchepied des barrières.
De nombreux livres ont été édités sur ses photos d'arènes. Les plus émouvants sont sans doute deux petits ouvrages au format carré : « Número Uno », consacré à Antonio Ordóñez et « El Cordobés ». Mais ses images de Dominguín, Paquirri ou Nimeño sont également fameuses.
Clergue a également réalisé un merveilleux documentaire en noir et blanc, « Le Drame du taureau » qui n'a pas peu contribué à la vocation de l'auteur de ses lignes.