Le 29 mars, la saison taurine commence en fanfare à Madrid. Le cartel est tout à la fois excitant et effrayant. Iván Fandiño seul face à 6 toros issus des élevages réputés les plus compliqués : Partido de Resina, Cebada Gago, Palha, Escolar Gil, Victorino Martín et Adolfo Martín. Un incroyable défi.
Pour le quotidien ABC, Rosario Pérez a rencontré Iván Fandiño. Elle fait le portrait d'un torero qui non seulement prend très au sérieux le rendez-vous qu'il a lui même fixé aux aficionados, mais qui donne à cette corrida une dimension épique. Il n'hésite pas à se dépeindre comme un héros au sens antique du terme.
Il a perdu 6 kilos lors de sa préparation, « un par toro ». Il se prépare dans la solitude du campo, sans regarder la télé ni lire le journaux. Il a même abandonné son livre de chevet, « L'alchimiste » de Paolo Coelho. Il dort peu. Il écoute parfois de la musique. Il passe des heures avec Nestor, son apoderado, comme quand Rocky se préparait en compagnie de Micky.
Et bien sûr, il torée des vaches sans relâche, le plus souvent chez leur ami Zacarias Moreno. La plus belle phrase qu'il a entendue, c'est un novillero, perché sur le mur de la plazita de tienta où il attendait son tour pour donner quelques passes après Iván : « maestro, le destin de beaucoup d'entre nous, se trouve dans votre muleta dimanche prochain à Madrid ».
Je n'en ai pas besoin, j'ai des contrats assurés à Séville, Madrid, Bilbao et Pampelune. Ma saison française elle aussi est bouclée. J'ai volontairement renoncé à Castellón et Valencia, pour pouvoir me préparer à fond. La vraie motivation, la seule, est intime. C'est quelque chose que je dois à Madrid, voilà.
Dimanche à Las Ventas, vous allez voir un torero qui se mesure avec sa propre liberté pour affronter son destin. Je veux gérer l'échec et le triomphe avec juste ma muleta et mon épée, je veux être le seul maître de mon destin. Selon moi, la liberté ce n'est pas un arrangement, c'est une révolte quotidienne, c'est montrer les griffes. J'ai rendez-vous avec l'histoire. Si je dois mourir, je mourrai libre et en étant resté moi-même.