Abdelkader Merah est “fier de Mohamed” et mène un “jihad spirituel” selon son neveu

Le jeune homme a témoigné à la barre ce mardi affirmant que selon lui son oncle Abdelkader, qui est dans le box des accusés, est incapable de commettre des attentats car il est dans “un jihad spirituel” et qu’il reste fier des actes de son frère.

Etudiant en classe prépa d’écoles de commerce, le jeune Théodore, fils d’Abdelghani Merah, l’aîné de la fratrie, et donc neveu d’Abdelkader et Mohamed Merah, a apporté son témoignage ce mardi après-midi devant la Cour d’assises de Paris, qui juge son oncle.

Trois choses sur Abdelkader

Un témoignage, qui du haut de ses 21 ans, a apporté un éclairage sur la personnalité d’Abdelkader Merah et sur son rapport au “jihad”, tournant régulièrement son regard vers son oncle. Et affirme que son oncle est “fier” des actes de Mohamed Merah.

Je veux dire trois choses concernant Abdelkader, a expliqué le jeune homme devant la Cour : d’abord Abdelkader ne commettra jamais d’attentats physiques car il est pour un jihad spirituel, ensuite ce procès n’a pas de valeur à ses yeux car il ne reconnaît pas les valeurs de la République, enfin “Kader” est extrêmement fier de ce qu’a fait Mohamed car pour lui il a agi pour la cause et est mort en martyr”.


Ce témoignage diverge légèrement de celui de sa mère, entendue par la cours mardi matin. L’ex-compagne d’Abdelghani Merah a indiqué qu’elle pensait qu’Abdelkader Merah aurait été capable de participer aux attentats perpétrés par son frère.

“Pour moi Mohamed a reçu un feu vert”

En revanche, il rejoint sa mère sur le fait de penser que la soeur Souad et le frère Abdelkader ont été à l’origine de la radicalisation de Mohamed Merah.Pour moi, pour qu’il agisse, il fallait le feu vert : celui d’Olivier Corel (NDLR : l’émir blanc d’artigat en Ariège), celui de “Kader” et de Souad. Mohamed appelait Corel dès qu’il avait une décision à prendre, pour tout et n’importe quoi”.

Comme sa mère, il affirme avoir pensé que le terroriste était Mohamed Merah le soir de la tuerie de Montauban le 15 mars en raison notamment du calibre de l’arme utilisée, sachant que son oncle avait le même. Il dit avoir aussi pensé que cela pouvait être Abdelkader Merah ou Souad Merah mais selon lui, pas comme tireurs, mais comme idéologues.

Chahuté par l’avocat d’Abdelkader Merah, Maître Eric Dupont-Moretti, sur le fait que ces “sentiments” ne sont pas des preuves, le témoin a répondu : “Si vous savez que quelqu’un va commettre un attentat et que vous ne faites rien, c’est que vos cautionnez”.

La “fierté” d’Abdelkader

Les déclarations de son neveu sur la “fierté” de son oncle font aussi écho aux propos tenus par Abdelkader Merah au parloir à la prison de Fresnes en 2012 et enregistrés à son insu par les écoutes judiciaires. Répondant à sa mère qui s’inquiète de ce qui se passerait si le fils qu’il essaie d’avoir avec sa compagne devient comme Mohamed, Abdelkader Merah répond :

Inch Allah. Quelle réussite s’il devenait comme lui. Je l’appellerai Mohamed Abou Youssef (NDLR : le surnom de terroriste de Mohamed Merah) si Dieu le veut (…) Ne t’inquiètes pas, par Allah, maman, le cadeau que m’a fait Mohamed personne ne me l’a fait”. (Abdelkader Merah, parloir sur écoutes du 4 octobre 2012).


Il faut préciser que ces propos, qui n'ont pas été réitérés à l'audience par l'accusé, qui au contraire a condamné les actes de son frère et parlé de honte, relèvent de l'apologie du terrorisme jugé au tribunal correctionnel. Or, ici les accusés sont poursuivis en Cour d'assises pour complicité de crimes terroristes. 


“Ma mère m’a sauvé”

Comme sa mère l’avait dit avant lui, Théodore a aussi raconté avoir été très proche de ses oncles et de sa tante au début de son adolescence et qu’ils ont pris en charge sa formation religieuse. D’abord Abdelkader, puis la soeur Souad et enfin Mohamed Merah. Ce dernier, sous forme de parties du jeu vidéo Call of Duty, “éduquait” son neveu à la guerre des religions. Il justifiait devant lui les actes de terrorisme dans le monde et insistait sur le fait de mourir en martyr “sans dire que c’était son projet”.

Surtout, Mohamed Merah lui montre des dizaines de vidéos extrêmement violentes de décapitations et d’exactions de jihadistes, qui choquent l’adolescent. Il l’entend dire que cela se passera un jour en France. Mais le témoin dit ne pas avoir entendu Mohamed Merah dire qu’il avait lui même le projet de frapper en France.

“Ma mère m’a sauvé de la radicalisation. Elle n’était pas dans l’interdiction mais dans l’explication, dans la pédagogie et cela m’a sauvé”.
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