Etat d'urgence : perquisitionnés, on ne trouve pourtant rien à leur reprocher

Dans le cadre de l'état d'urgence proclamé après les attentats de Paris, les perquisitions administratives se succèdent partout en France et beaucoup dans notre région. Mais parfois, les personnes visées s'interrogent sur les raisons qui leur ont valu cette perquisition. Exemple en Ariège.

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Le mercredi 18 novembre vers 14 heures, les gendarmes ont fait irruption au domicile de Virginie Da Costa et de son mari, dans le petit village ariégeois de Labastide de Bousignac. Elle a été surprise de voir les gendarmes fouiller son appartement de fond en comble pendant près de 6 heures, inspecter son ordinateur et ses téléphones, puis repartir, sans avoir rien trouvé à lui reprocher.

Convertie et suspecte

Car la "personne ciblée", selon les termes officiels, c'était bien elle, Virginie Da Costa. Convertie à l'islam depuis 5 ans et portant le voile depuis 3 ans, elle était dans le collimateur de la préfecture et des forces de l'ordre, qui, dans le cadre des perquisitions administratives permises par l'état d'urgence après les attentats de Paris, la suspectaient d'être en lien avec l'islam radical, de détenir des armes ou encore de cacher des personnes suspectes.
Rien de tout cela au domicile de Virginie, qui indique avoir été choquée par la méthode, un mercredi après-midi, en présence de ses 5 enfants, même si les gendarmes ont, ce qui n'est pas toujours le cas, sonné à sa porte... plutôt que de la défoncer !
Elle et sa famille n'ont pas reçu d'excuses. La préfète de l'Ariège, Marie Lajus, interrogée par France 3 Midi-Pyrénées, a indiqué que si la perquisition a eu lieu c'est que des vérifications administratives étaient nécessaires pour lever tout doute à son sujet. Elle poursuit en indiquant que ces perquisitions ne sont pas menées sur "des critères religieux" et que l'Etat ne cherche pas à "stigmatiser la population musulmane"
Vidéo : le reportage de Laurent Winsback et Pascal Dussol
Dans l'Ariège, une famille proteste contre la perquisition


Surtout des procédures "incidentes"​

Depuis l'instauration de l'état d'urgence au lendemain des attentats, les exemples de ce type se multiplient. Les enquêteurs confient "secouer le prunier" pour voir ce qu'il en tombe. De nombreuses perquisitions menées, de jour comme de nuit, ne débouchent pourtant que sur des procédures dites "incidentes" (détention d'armes, détention de produits stupéfiants, etc) et très peu ont un lien avec le milieu de l'islam radical.
Même la perquisition mardi chez Olivier Corel, "l'émir blanc" d'Artigat (Ariège), suspecté d'avoir été le précepteur salafiste des frères Merah, de Sabri Essid, parti combattre en Syrie, ou des frères Clain, auteurs du message enregistré pour la revendication des attentats de Paris, n'a finalement débouché "que" sur une condamnation en comparution immédiate à 6 mois de prison avec sursis pour détention d'un fusil de chasse sans autorisation !

"Observons l'état d'urgence"

De là à dire que certaines perquisitions administratives sont des "abus" de l'état d'urgence, il y a un pas que nous ne franchirons pas ici. Mais cette situation exceptionnelle amène à se poser des questions sur le respect de l'état de droit. Le journal Le Monde a mis en place sur un blog, un "observatoire de l'état d'urgence" qui mesure et recense les opérations menées dans ce cadre dans toute la France. 
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