Dans l'affaire de la pollution du puits de l'Ayroule, le tribunal de Foix a relaxé ce mardi 5 avril le propriétaire de la station de lavage d'où provenait le déversement, l'auteur des faits n'ayant pas pu être identifié. Une décision qui ne satisfait pas les plaignants dont l'association Le Chabot.
L'affaire remonte à 2011, l'eau du puits de l'Ayroule avait été polluée par du tétrachloréthylène, un solvant cancérigène, privant d'eau potable 8 000 habitants à Foix pendant deux mois. Un procès a eu lieu le 1er février dernier. Le tribunal de Foix a rendu ce mardi 5 avril sa décision. Il relaxe le propriétaire de la station de lavage de camions qui n'est pas considéré comme le responsable de la pollution.
Le tétrachloréthylène est un solvant utilisé notamment pour le nettoyage à sec de tissus, et il est dangereux. Son usage est strictement réglementé. Les gendarmes avaient pu remonter la trace de la pollution, mais pas le responsable direct du déversement du produit hautement toxique sur le terrain.
De nombreuses parties civiles
Le patron de la station de lavage a comparu en février pour négligence, pour " violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité" plus précisément.
Face à lui, de nombreuses parties civiles. Trois associations environnementales mais aussi des collectivités et organismes à qui l'épisode a coûté cher. La ville de Foix et le SMDEA (syndicat mixte départemental d'eau et d'assainissement) ont dû engager d'importantes dépenses pour d'abord dépolluer l'eau et continuer d'alimenter les habitants concernés.
Déception
"L'installation n'était pas conforme, explique Henri Delrieu, porte-parole de l'association environnementale Le Chabot, déçu. Il y aurait dû y avoir a minima une condamnation pour négligence. Les règles élémentaires n'ont pas été respectées".
L'association n'en restera pas là. Elle compte porter plainte contre les utilisateurs de la station de lavage. "Il n'y a pas eu de recherche en responsabilité des pollueurs du site, poursuit Henri Delrieu. L'enquête n'a pas été menée de manière complète. On ne fera pas appel. On va faire un autre procès à ceux qui utilisaient ce terrain".
Nouveau procès pour pollution
"Ces gens-là n'ont pas été inspectés, or sur tous ces produits, il doit y avoir une traçabilité : la quantité achetée, la quantité utilisée, la quantité recyclée. On sait qu'on était sur des quantités considérables de tétrachloréthylène. On va retrouver les responsables et là, il y aura un procès pour pollution" affirme le porte-parole de l'association environnementale.
"L’ampleur de cette pollution, qui interdit toujours de remettre le puits de l'Ayroule en service et de redonner au Scios ses sources et son débit ne peut rester impunie", ajoute-t-il.
France nature environnement en Midi-Pyrénées réagit de son côté dans un communiqué : "les auditions du gérant de la société Delboy transport et de son comptable ont permis d’apprendre que plusieurs entreprises ariégeoises étaient clientes de cette aire de lavage. Or, il est acquis que ces entreprises, qui sont des installations classées (ICPE), étaient susceptibles d’utiliser de grande quantité de produits contenant du tétrachloroéthylène tels que des solvants pour peintures, des dégraissants pour métaux, etc".
"Pourtant, aucune investigation n’a été menée sur ce point", poursuit FNE. Avec le Chabot et une autre association de défense de l'environnement, elle annonce saisir le doyen des juges d’instruction du tribunal judiciaire de Foix, d’une plainte avec constitution de partie civile pour pollution des eaux souterraines.