Ariège : une eau minérale naturelle dans une brique carton, le pari innovant et audacieux d'une société des Pyrénées

Nous avons déjà des soupes en brique, pourquoi pas de l’eau minérale ? À l’heure de la recherche d’alternatives au plastique, miser sur la brique cartonnée est le pari de la Compagnie des Pyrénées, une entreprise basée à Mérens-les-Vals en Ariège, avec son «eau neuve» Ô9.

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En Occitanie, deux sociétés portent le nom de Compagnie des Pyrénées mais chacune dans son domaine bien distinct. À Mérens-les-Vals en Ariège, le domaine d’activité est l’embouteillage d’eau de source.

L’entreprise ariégeoise est la première en France à embouteiller de l’eau minérale naturelle « durable ». Un pari audacieux dans un pays comme la France encore « attaché » au plastique. En effet, 25 millions de bouteilles plastiques sont consommées et jetées chaque jour, dont seulement 49% sont recyclées.

La Compagnie des Pyrénées a pris le parti de privilégier les alternatives au plastique et les emballages recyclables. Elle a opté pour le carton, matériau 100% recyclable et réutilisable, dans un secteur largement dominé par le plastique. C’est ainsi qu’en avril dernier est née « Eau neuve » (Ô9) en clin d’oeil au département de l’Ariège (09).

L’emballage a été développé, sous forme de partenariat exclusif, par le Suédois Tetra Pak, qui fournit les pays qui se sont déjà tournés vers le carton pour conditionner l’eau, comme les États-Unis, le Canada ou le Royaume-Uni. Visuellement le packaging ressemble à certaines bouteilles de jus de fruits ou de lait. Mais pour l’eau minérale, le concept est plus original.

Un double bénéfice économique et écologique

Le projet a mis 5 ans à mûrir et se mettre en place, en faisant la part belle à l’écoute des gens du pays : habitants, naturalistes, services de la préfecture.
En Ariège où l'emploi est rare, l’entreprise a mis un point d’honneur à recruter localement. 25 personnes ont rejoint l’équipe dans un périmètre de 25 km autour de Mérens-les-Vals. 100 emplois indirects ont également été créés et 18 personnes supplémentaires seront embauchées à horizon 2022.

Damien Chalret du Rieu, cofondateur avec Sébastien Crussol de La Compagnie des Pyrénées, se veut engagé, que ce soit pour l’emploi ou pour l’environnement, qui plus est dans sa région d’origine : « Notre ligne directrice est « responsable par nature » c’est à dire que nous assumons les conséquences de nos actes, il ne faut pas juste dire, il faut agir. Et cela vaut pour l’emploi. Nous avons choisi l’embauche locale et allons jusqu’à embaucher et former si besoin les conjoints. Nous voulons des salariés heureux au travail. »

L'engagement de l'entreprise ne concerne pas que l'emploi local.

Nous nous sommes intéressés à tout ce qu’on ne peut pas délocaliser, comme l’eau par exemple. L’eau est un besoin primordial. L’idée est de valoriser les ressources économiques de cette région et aussi d’avoir une exploitation raisonnée de cette eau.

Damien Chalret du Rieu, cofondateur de la Compagnie des Pyrénées

Il ajoute : "On ne subit pas la protection de l’environnement, on cherche à prendre des initiatives pour l’améliorer et le carton est une alternative concrète au plastique à usage unique pour les consommateurs et qui leur permet d'aller petit à petit vers des emballages plus vertueux".

Nous ne voulons pas seulement limiter l’impact environnemental nocif, nous avons l’ambition d’avoir un impact environnemental positif.

Damien Chalret du Rieu, cofondateur de la Compagnie des Pyrénées

Privilégier l’économie circulaire avec des bouteilles collectées et recyclées

La société met aussi en avant l'économie circulaire, c’est à dire l’inverse du « tout-jetable ». Elle consiste à produire des biens et des services de manière durable en limitant la consommation et le gaspillage des ressources et la production des déchets.

L’usine ariégeoise de 6.000m2 se veut intégrée dans le paysage et est pensée pour être 100% éco-responsable. Elle fonctionne avec de l'énergie renouvelable et est notamment dotée d’un système de récupération de la chaleur des machines.

L’usine utilise 88% de matières biosourcées. Les bouteilles en plastique sont en PET recyclé. Le PET (Polyéthylène téréphtalate) est une matière certes polluante car issue du pétrole mais surtout recyclable.
Par ailleurs, les bouteilles peuvent être amenées en point de collecte en vue d'être recyclées.

Du retard sur les voisins européens

L'entreprise attend de voir quel accueil sera réservé par les consommateurs, encore peu habitués à des contenants opaques pour l'eau. Faire accepter le changement est peut-être le plus gros défi.

En 2009, la société française Drinkyz a tenté de reléguer la bouteille plastique au placard avec la brique d'eau minérale Aquapax dont le packaging était composé à 75% de carton, à 20% polyéthylène pour l'étanchéité et 5% aluminium pour protéger l'eau. Cette eau n’était pas commercialisée en France mais en Allemagne. Il faut croire que les mentalités n’avaient pas encore suffisamment évolué et à ce jour la France accuse un peu de retard sur ses voisins belges et allemands.

La marque B-Better d'Unilever a lancé en 2019 en Belgique une gamme d’eaux aromatisées, commercialisée dans des briques en carton. En Allemagne, particulièrement sensible aux questions d’environnement, l’eau en brique est déjà également très tendance. Dès 2004, Evian a commercialisé, en Allemagne uniquement, une bouteille d’eau minérale en brique, avec un bouchon à vis. Les Allemands ont par ailleurs adopté en janvier 2003 une loi obligeant la consigne pour les emballages (cannettes et bouteilles en plastique).

L'eau en brique ne représente encore que 1% à 2% des 100 milliards de litres d'eau vendus actuellement dans le monde mais nul doute que son avenir est prometteur.
« Nous continuons à travailler en R & D (Recherche et Développement) sur des matières innovantes et encore plus recyclables. La poudre d’huître par exemple est incroyable. Mais mélangée à d’autres produits, elle est polluante » conclut le cofondateur de la Compagnie des Pyrénées.

Changer des habitudes très ancrées prend du temps mais la Compagnie des Pyrénées voit loin.
"Notre objectif, c’est l’eau à impact positif sur l'environnement et à un prix abordable. On s’inscrit dans le « temps long », notre échelle de temps, c’est la génération", conclut le cofondateur de l'entreprise ariégeoise.

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