Au camp de concentration le plus répressif de France, on fait perdurer la mémoire de dizaines de milliers de détenus

Il y a 80 ans, le camp de concentration le plus répressif de France se trouvait en Ariège. 35 000 "étrangers indésirables" y ont été internés. Certains de leurs descendants tentent de faire perdurer leur mémoire.

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Deux piliers marquent l'entrée. À gauche, un château d'eau, plus loin les vestiges d'une gare, rare bâtiment de l'époque encore debout. Des milliers de personnes y ont transité pour arriver ici, au camp de concentration du Vernet d'Ariège. Il y a 80 ans, celui-ci s'étendait sur 50ha. 

Le camp avait été créé, à la base, en 1939, pour regrouper les Espagnols fuyant la guerre civile. Il est devenu, pendant la seconde guerre mondiale, le lieu de détention des "étrangers indésirables."

Jusqu'à sa fermeture en juin 1944, le camp a regroupé jusqu'à 70 nationalités. Sur les 35 000 personnes qui ont été internées, 6226 déportées ont été déportées vers les territoires du Troisième Reich, vers l'Italie ou vers les camps de concentration en Algérie française. Sans compter les retours forcés vers l'Espagne franquiste. 

Une exposition en mémoire 

Aujourd’hui, les adhérents de l'Amicale du camp de concentration du Vernet veillent à sauvegarder la mémoire des détenus. Certains en sont des descendants, comme Raymond Cubells, président de l'Amicale. "Mon père a connu lui aussi une déportation, depuis le Vernet, raconte-t-il. Il a eu la chance de s'évader à Lyon, grâce aux cheminots. Il a rejoint la résistance et est devenu sergent des Forces françaises de l'intérieur (FFI), jusqu'à la libération." 

La mémoire de ces "étrangers indésirables", détenus dans le camp, est honorée dans une exposition consacrée à l'artiste Carlos Duchatellier, un dessinateur haïtien. Ancien détenu du camp du Vernet, entre 1941 et 1944, il a documenté sa captivité dans une série de scènes et de portraits, emprunts du désespoir qui régnait sur le camp. 

"En plus des souffrances physiques, de la malnutrition, du manque d'hygiène, c'est aussi l'incertitude de la vie qui transparaît, explique Raymond Cubells, il se demandait quand est-ce qu'il allait partir et où il irait." 

Aujourd'hui, à la place du camp du Vernet d'Ariège, on trouve désormais un cimetière, où reposent 152 étrangers. 

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