"C'est la loi de trop !", une députée inflige un camouflet à Gabriel Attal sur la réforme de l'assurance chômage

Les députés se sont prononcés ce mercredi 5 juin contre la réforme de l’assurance-chômage voulue par le gouvernement. La commission de l'assemblée a approuvé un texte du groupe LIOT, Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT). Entretien avec la députée LIOT de l'Ariège, Martine Froger.

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C'est un revers pour le gouvernement à trois jours des élections européennes. Adopté ce mercredi 5 juin en commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, le projet de loi du groupe LIOT détricote la réforme voulue par le gouvernement. À partir du 1er décembre, le gouvernement veut faire passer la durée d’indemnisation de dix-huit à quinze mois et en changer les règles, en exigeant huit mois travaillés sur les vingt derniers, contre six au cours des vingt-quatre derniers mois actuellement.

Le texte adopté en commission a recueilli les suffrages de la gauche et du Rassemblement national, qui ont exprimé à travers ce vote leur opposition à la nouvelle réforme lancée par l’exécutif. La 5ème depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron. Le texte sera étudié en assemblée le 13 juin prochain. La députée LIOT de l'Ariège, Martine Froger est à l'origine de ce texte. Entretien.

France 3 Occitanie : Martine Froger, pourquoi avez-vous voulu porter ce projet de loi ?

Martine Froger : Dans le cadre de la niche parlementaire de notre groupe LIOT, nous avons présenté plusieurs textes et le mien a été retenu. Au regard des dernières annonces faites par Gabriel Attal, il nous semblait qu'il était important de faire connaître notre opposition à cette nouvelle réforme de l'assurance-chômage. C'est la 5ème loi depuis qu'Emmanuel Macron est au pouvoir et là, franchement, c'est la loi de trop ! Très honnêtement, j'ai été surprise qu'elle passe en commission avec le soutien de toute la gauche et du Rassemblement National. Ça prouve qu'il y a un problème et c'est important en termes de représentation. Même du côté de la majorité, certaines voix se sont élevées pour dire que cette réforme était trop rapide. Je pense qu'ils sont divisés là-dessus. Et en commission, ils n'ont obtenu aucun amendement.

France 3 Occitanie : quelles sont les grandes lignes de votre projet de loi ?

Martine Froger : Déjà, et c'est important, aucune statistique ne permet pour l'instant de savoir si les précédentes réformes ont été efficaces sur l'emploi, donc c'est trop tôt pour une nouvelle réforme. Sur le fond, maintenant, on veut remettre le dialogue social en place et changer le document de cadrage, qui existe actuellement, et qui permet au gouvernement de tout décider si les négociations entre partenaires sociaux sortent de ce cadre. C'est une mainmise de l'État sur les négociations et ce n'est pas acceptable.

Ensuite, il prévoit d'annuler la contractilité annoncée. Le gouvernement prévoit que si le chômage baisse, les allocations baisseront aussi et que si le chômage augmente, les demandeurs d'emploi se verront rajouter 6 mois d'indemnisation supplémentaires, mais seulement en fin de droits. Ce n'est pas réalisable. Et après avoir auditionné tous les acteurs du secteur de l'assurance-chômage, on se rend compte qu'il est plutôt en train d'augmenter. Donc ce n'est vraiment pas le moment de faire ces réformes. Nous, on est pour adosser la durée d'indemnisation à celle du travail : Si vous avez travaillé un an, vous avez droit à un an de chômage. C'est le plus juste, car vous avez cotisé en travaillant.

Enfin sur la question des seniors. Le gouvernement a déjà repoussé l'âge d'entrée dans la catégorie des seniors "protégées" de 53 ans à 57 ans, ce qui est inadmissible. Et maintenant, il veut réduire pour ces mêmes seniors l'indemnisation qui passerait de 27 mois à 12 ? Tout cela avant même d'avoir commencé à travailler sur le "Plan Senior", qu'on attend toujours soit dit en passant.

Il faut vraiment arrêter de stigmatiser les chômeurs et faire croire que ce sont des fainéants. Quand on touche 1000 euros par mois au chômage, on va à l'essentiel : se nourrir, se loger. On n'a pas les moyens de chercher un nouvel emploi. Alors ce n'est pas nécessaire de rajouter de la précarité à ceux qui sont déjà les plus fragilisés.

France 3 Occitanie : y a-t-il des chances que votre texte soit voté au final ?

Martine Froger : Pour moi, c'est déjà un caillou dans la chaussure du premier ministre et c'est important. Après, on verra le 13 juin dans l'hémicycle. Cela va beaucoup dépendre du nombre d'amendements, qui seront déposés d'ici lundi. S'il y en a beaucoup, on ne pourra pas aller jusqu'au bout, car notre niche se termine à minuit. Mais je ne désespère pas qu'il soit adopté. Et s'il devait ensuite passer au Senat, un sénateur PS, Rachid Temal, m'a déjà proposé de reprendre le texte à son compte. Cela permettra peut-être au moins de bloquer pour un temps les projets du gouvernement. Mais ce n'est pas encore gagné. Ce qui est sûr, c'est que personnellement, je me battrai jusqu'au bout.

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