Après un an et demi aux commandes de la RATP, l'ancien Premier ministre Jean Castex pourrait être prolongé pour cinq ans de plus à la présidence de l'entreprise publique. Sauf s'il est appelé à d'autres responsabilités, mais lesquelles ? Les rumeurs vont bon train...
Après la gestion de la pandémie de Covid-19 depuis Matignon, le déclenchement de la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui a suivi, Jean Castex avait promis en mai 2022 qu'il se contenterait de repeindre les volets de sa maison dans les Pyrénées-Orientales.
Mais les vacances n'ont pas duré.
L'ancien Premier ministre a fait un bref passage à l'Agence de financements des infrastructures de transport (Afit), avant d'être propulsé remplaçant de la démissionnaire Catherine Guillouard à la direction de la Régie des transports parisiens (RATP) en novembre 2022.
À bientôt 59 ans, il les fêtera le 25 juin, on le voit partout à l'avenir... 5 ans de plus PDG de la RATP, successeur de Jean-Pierre Farandou à la tête de la SNCF, dirigeant d'une autre entreprise publique, voire à l'Elysée en 2027.
Jean Castex lui reste très discret. L'intéressé a tout de même semblé clore le débat le 16 mai dernier sur RTL, notant qu'il y avait "déjà beaucoup de gens qui se bousculent au portillon" de 2027. Il a aussi rappelé ses déclarations à son départ de Matignon : "J'ai dit publiquement que je quittais la vie politique et que je souhaitais me rendre utile autrement".
Couteau suisse ou plutôt des Pyrénées !
Le grand public a découvert le 3 juillet 2020 l'accent catalan et la mise un peu désuète de ce quinquagénaire issu de la droite.
Comme Premier ministre, Jean Castex a suivi une stratégie modeste dans l'ombre d'Emmanuel Macron, évoquant à tout bout de champ son expérience de maire (2008-2020) de la petite commune de Prades et ses 6.000 âmes dans les Pyrénées-Orientales.
Mais ce petit-fils de sénateur, formé à l'ENA et passé par la Cour des comptes, est aussi un "techno" rompu aux rouages de l'Etat, ancien directeur de cabinet de Xavier Bertrand aux ministères de la Santé et du Travail, secrétaire général adjoint de l'Elysée sous Nicolas Sarkozy, puis délégué interministériel aux JO 2024.
Sillonnant les hôpitaux et pharmacies dans toute la France pendant la crise du Covid, il s'est forgé une réputation de "couteau suisse", pragmatique, et doué pour la concertation.
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Éteindre le feu naissant à la RATP
La mission que lui confie Emmanuel Macron à la RATP, fin novembre 2022, est loin d'être une sinécure. La Régie est en crise.
Un quart des bus ne circulent pas et le marasme est en passe de contaminer le métro.
Les raisons sont vite identifiées.
- un manque d'anticipation du recrutement des conducteurs en sortie de Covid.
- un absentéisme endémique.
- la perspective de l'ouverture à la concurrence sur le réseau de bus qui provoque des grèves.
La qualité de service est insuffisante et la patronne de l'autorité des Transports Ile-de-France Mobilités (IDFM), Valérie Pécresse, tape du poing sur la table à plusieurs reprises.
Jean Castex négocie un accord sur la qualité de vie au travail avec les syndicats, octroie de généreuses hausses de salaires lors des négociations annuelles et obtient d'échelonner le calendrier de l'ouverture à la concurrence.
Peu à peu, les tensions s'apaisent au sein de l'entreprise et tant pis s'il s'agit de laisser filer les déficits, la RATP a présenté une perte nette en 2022 et en 2023.
L'enjeu des JO de Paris
À sa nomination à la RATP, Jean Castex avait aussi une mission olympique.
Assurer un service sans accroc dans la perspective des Jeux de Paris 2024, alors que les transports sont considérés comme un de leurs points faibles potentiels.
En un an et demi, l'offre s'est nettement redressée dans le métro et sur le réseau de bus, au prix de campagnes de recrutement ambitieuses. Valérie Pécresse a même salué le rétablissement mené par l'entreprise au mois de mai.
Et après ?
Alors que le nom de ce passionné de trains revenait avec insistance comme successeur potentiel de Jean-Pierre Farandou à la tête de la SNCF, l'Elysée a proposé cette semaine de reconduire Jean Castex à la tête de la RATP, pour un mandat de cinq ans.
Il apparaît souvent, aussi, dans les conversations de la majorité Renaissance comme candidat à la présidentielle, que ce soit pour soutenir cette hypothèse ou l'écarter.
"Je me demande si ce n'est pas le poulain de Macron", a affirmé un responsable de la majorité. En revanche, s'il opte pour la présidence de la SNCF, "il sort de la présidentielle", veut croire un proche du président.
"Je n'y crois pas du tout. Et je ne pense pas que lui-même en ait envie", relevait un ministre récemment.