Imaginez des panneaux solaires posés à la surface d'un lac artificiel situé dans le Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises. Le projet, qui vise à financer en partie l'entretien du barrage, créé bien des remous parmi les riverains et élus de la commune de Gabre en Ariège. Explications.
C'est un petit bijou couleur émeraude. Un havre de paix qui fait le bonheur des adeptes du pique-nique, de la randonnée et de la pêche. Mais voilà, depuis plusieurs années, un projet de centrale solaire flottante créé des remous autour du lac de Mondély en Ariège. Riverains et élus de la petite commune de Gabre sont vent debout avec le soutien du Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises.
"Une aberration écologique"
Ce projet d'installation de panneaux photovoltaïques sur douze hectares du lac de Mondély, porté par EDF Renouvelables, est loin de faire l'unanimité. En avril 2024, le conseil municipal s'est unanimement prononcé contre. "Les panneaux solaires devraient occuper 20% de la surface du lac", explique Gilles Eychenne. Autant dire que pour la baignade, cela va être compliqué. Il n'y aura plus de pêche, il n'y aura plus de randonnée. Cela veut dire que ce site va devenir une zone industrielle à part entière", s'insurge le conseiller municipal de Gabre, l'une des trois communes qui jouxte le lac.
Même incompréhension parmi les riverains qui ont créé une association baptisée Mondélybre, et lancer une pétition. Son coprésident, Patrice Macé, s'est installé, il y a trois ans, dans une maison avec vue imprenable sur cette retenue d'eau. Installer des panneaux photovoltaïques sur un lac ? Pour lui, c'est clair et net : "c'est une aberration écologique."
Une centrale solaire flottante, synonyme d'argent
Alimenté par la Lèze, ce lac artificiel a été mis en eau en , qui en est le propriétaire, en assure la gestion et l'entretien. L'intérêt d'y installer une centrale flottante ? Cela permettrait de trouver une nouvelle source de financement.
Aujourd'hui, "ce sont les irrigants qui, à 98%, supportent les coûts de fonctionnement du barrage de Mondély", explique David Comminges, agriculteur et président du syndicat mixte. Si on met les panneaux photovoltaïques, ça nous aiderait à financer la modernisation des lâchers d'eau
et l'entretien sécuritaire du barrage."
L'exploitation de cette centrale photovoltaïque sur l'eau pourrait rapporter entre 30 et 40.000 euros, ce qui représente la moitié du budget actuel de fonctionnement.
On n'a pas fait ce projet pour être en opposition avec la population. C'était un projet économique pour nous.
David Comminges, président du syndicat mixte d’aménagement hydraulique de la vallée de la Lèze
Autre avantage d'une installation sur l'eau, l'absence d'emprise sur le foncier agricole.
De nouvelles études et des rencontres à tout-va
Soutenus par la direction du parc naturel régional, les élus de Gabre tentent de trouver un plan B pour financer l’entretien du barrage. "Ce que l'on souhaite, c'est que ce projet s'arrête et on va les accompagner" nous déclarait encore le conseiller municipal, Gilles Eychenne. Reste à savoir comment.
De nouvelles études auraient été lancées, selon le président du syndicat mixte. De son côté, Kamel Chibli, le président du Parc naturel des Pyrénées ariégeoises, est venue apporter son soutien aux opposants lors de la dernière réunion d'information qui s'est tenue ce 1er octobre 2024. Élus et représentants des associations entendent également solliciter une rencontre en préfecture.
(Propos recueillis par N’daricaling Loppy et Pascal Dussol)