Un nouveau sérotype de la Fièvre catarrhale ovine (FCO), cette pathologie animale, sévit dans le nord de la France. Alors que le virus progresse rapidement et fait de gros dégâts dans les troupeaux, l’Etat prend en charge la vaccination mais laisse en berne les éleveurs du sud (Ariège, Aveyron, Tarn) qui doivent financer eux-mêmes la protection des bêtes.
Fièvre, difficultés respiratoires, lésions et langue pendante... la FCO (fièvre catarrhale ovine) apparue il y a dix-huit ans sur le territoire français, revient dans le nord de la France avec une nouvelle variation du virus, le sérotype 3, et dans le sud depuis octobre 2023 avec le sérotype 8.
Une nouvelle qui accable un grand nombre d'éleveurs dont les exploitations sont déjà fragilisées par l'augmentation des charges financières et, faits qu'ils ont dénoncés lors des manifestations récentes, de la "paperasserie" et des normes multiples auxquelles ils doivent soumettre leur pratique.
L'État vient d'annoncer aux éleveurs du nord la distribution gratuite de 6.400.000 doses de vaccins (dont 1,1 million de doses pour les ovins et 5,3 millions de doses pour les bovins). Mais les éleveurs du sud Ariège, Aude, Aveyron, Tarn, Pyrénées-Orientales, dont les élevages sont touchés par le sérotype 8, doivent s'acquitter du vaccin de leur poche.
Où sont les vaccins ?
"S’ils avaient mis en avant une prise en charge, peut-être qu'un certain nombre d'éleveurs auraient vacciné parce que le coût, c'est quand même un frein", estime Daniel Debrus, porte-parole de la Confédération paysanne du Tarn, qui a du mal à admettre ce qui est vécu comme un abandon par l'Etat.
"Ça coûte 2,50 € la dose et même un petit peu plus. Donc c'est quand même un budget, parce que pour 200 brebis, ça fait quand même 500 €. Et celui qui a, mettons, 400 brebis, ça vous fait un budget de 1.000 € donc ça n'est pas anodin, ça fait augmenter le poste des frais vétérinaires" déplore-t-il.
De même, l'éleveur pense que les services vétérinaires devraient procéder à des analyses d'anticorps, des recherches sur les troupeaux touchés, pour permettre de déterminer si l'immunité s'est faite ou pas, de façon à ce que les éleveurs sachent s'il est important de vacciner tout ou partie du troupeau.
Communiqué | Fièvre catarrhale ovine 🐑 : mise en place d’une zone régulée dans l’#Eure et démarrage de la campagne de vaccination 💉 volontaire ⤵️ :
— Préfet de l'Eure (@Prefet27) August 12, 2024
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Par ailleurs, la vaccination ne peut pas intervenir en période de contamination. L'anticipation est donc la clé dans un tel contexte. "Il faut choisir une période... poursuit Daniel Debrus. D'abord, il ne faut pas vacciner pendant un an une personne qui a une maladie, et puis après, il faut choisir une période en fonction de son programme d'élevage, c'est-à-dire qu'on ne peut pas vacciner des brebis, par exemple, qui sont pleines ou au moment de la reproduction".
Focalisés sur la MHE
Or le problème est là pour Sébastien Durand, président de la FDSEA de l'Ariège... il n'y a pu y avoir anticipation puisqu'il n'y avait pas de vaccin disponible contre le sérotype 8. "L'information, on l'avait. Certains ont voulu vacciner mais le vaccin n'y était pas cet hiver. Les services de l'Etat nous ont dit qu'il arriverait en juillet. Et puis, cet hiver, on était focalisé sur la MHE (maladie hémorragique épizootique), on n'imaginait pas qu'il y ait deux épizooties en même temps et encore moins que la FCO de sérotype 8 serait beaucoup plus virulente qu'il y a quelques années".
Pour le représentant syndical, le choix du gouvernement est motivé par le souci d'endiguer la progression de la FCO de sérotype 3 au reste de l'Hexagone. "Ils veulent établir une barrière, mais je pense que ça ne marchera pas parce que le délai pour que le vaccin fasse effet est de 39 jours, c'est long et ça risque donc de s'étendre... je suis sceptique mais si je me trompe, ça peut être une solution pour faire une vaccination massive. C'est le choix qu'ils font pour que ce sérotype ne nous arrive pas".
Sébastien Durand regrette que le vaccin pour le sérotype 8 soit livré au compte-goutte. Cette pénurie est au final plus gênante à ses yeux que la prise en charge des frais par l'Etat.