Le retour d’un bras de fer, pour l’extraction de tungstène de la mine de Salau en Ariège. Après l’abandon du précédent projet en février dernier, une nouvelle demande de permis d’exploration a été déposée au début de l’été. Ce mardi, la société Néométal, porteuse du projet, a exposé ses intentions.
Fermées depuis 1986, les portes de la mine de Salau vont-elles rouvrir ? Au mois de juin dernier, la société Néométal a déposé une demande de permis d’exploration de 5 ans de la mine ariégeoise en vue d’une potentielle future exploitation.
Un projet à plus de 12 millions d'euros
Baptisé "Montagne ariégeoise", ce projet s’élève à plus de 12 millions d’euros. D’après l'entreprise Neometal, la mine contiendrait du cuivre, de l’or et du tungstène. Un minerai utilisé dans l’automobile, l’aéronautique et l’armement : "On commence ce projet en tablant sur des ressources espérées de l'ordre de 50 000 tonnes, qui est déjà un gisement important à l'échelle mondiale, mais cela pourrait être multiplié par 3 ou 4. Il y a aussi de l'or et du cuivre. L'or on parle de quelques dizaines de tonnes, ce qui n'est pas négligeable, et le cuivre nous ne savons pas trop encore" explique Emmanuel Henry, dirigeant de Néométal. Assez pour faire fonctionner une potentielle usine de traitement pendant 20 à 30 ans, qui serait implantée en Ariège.
"La technologie est connue pour faire ce post-traitement, mais nous souhaiterions explorer une nouvelle technologie qui a un impact environnemental très limité et très peu cher. Il donnerait une grande compétitivité à la France. Un gisement de 50 000 tonnes permettrait de rendre utile cette usine. On espère employer plus d'une centaine d'employés."
L’un des dirigeants de la société porteuse de ce projet était aussi celui de Variscan Mines, l’entreprise ayant obtenu le premier permis de recherche, finalement invalidé par la justice en février. Au total, trois permis de recherches de la mine ont déjà été annulés.
(À peine la #justice a-t-elle annulé le précédent permis d'exploration, qu'un nouveau vient d'être demandé par un consortium international nommé #Neometal. À Salau en #Ariège,les opposants à la réouverture de la mine de #tungstène ne baissent pas les armeshttps://t.co/5OzQIqYo4g
— Chris Tina (@ChristinaHell) October 8, 2024
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À Couflens (Ariège), la remise en service de la plus grosse réserve de Tungstène d'Europe fait polémique. Au fil des années, ce projet continue de susciter l’indignation des défenseurs de l’environnement. Certains militent même depuis une dizaine d'années pour le faire tomber, craignant les déchets miniers, notamment l'amiante. Plusieurs étaient présents ce mardi 12 novembre lors du point presse donné par la société Néométal, ils se sont vus refuser l'accès à la conférence.
Emmanuel Henry se défend : "La législation européenne nous contraint à opérer de manière propre, on parle ici des eaux de l'air, de la santé des gens. Les techniques de travail et de traitement des eaux de l'air et des ouvriers ont changé. Il est maintenant possible de travailler avec un faible impact environnemental. Nous ne sommes pas venus là pour faire du bruit et créer du désordre, on veut être en harmonie avec les gens de la vallée !"
Un métal aujourd'hui importé
Dans les années 70 et 80, 150 personnes travaillaient dans la mine de Salau en Ariège. Elle était alors, la plus importante de France. Mais la concurrence chinoise a fait drastiquement chuter la valeur du tungstène qui y était extrait, et l’a menée à sa fermeture il y a une quarantaine d’années.
Depuis, la France n’en produit plus. Le marché est dominé à 90% par le géant chinois, la France importe même 100% de ce métal de Chine. Pour les dirigeants de Néométal, l'idée est claire, "la France a une terrible dépendance et doit retrouver sa souveraineté. Ce gisement va permettre de donner une grande indépendance à la France".