La CGT de la chimie interpelle le ministre de l'Économie après ses propos sur la "réindustrialisation verte" sans produits dangereux. Selon le syndicat, cette vision menace l’avenir de l’usine Solvay dans le Gard. La CGT défend ce site stratégique. Elle propose un projet de dépollution pour préserver l'emploi local.
La CGT de la chimie monte au créneau pour défendre l’usine Solvay, située dans le département du Gard, menacée de fermeture en raison des préoccupations environnementales du gouvernement. Dans une lettre ouverte adressée jeudi au ministre de l'Économie, la fédération syndicale interpelle sur la question des risques industriels en lien avec les propos du ministre.
"Comptez-vous interdire l'enrichissement de l'uranium en France, sous prétexte que cela présente des risques ?", lance la fédération CGT de la chimie. Cette question fait suite aux déclarations d'Antoine Armand, qui avait affirmé à l'Assemblée nationale que "le chemin de réindustrialisation verte que nous voulons pour la France ne peut pas passer par l'utilisation de produits dangereux, non pas seulement pour les utilisateurs, mais d'abord pour les salariés de votre département".
Le secteur craint 15 000 suppressions d'emplois
Située à Salindres dans le Gard, l’usine a été rachetée par Solvay en 2011, après son acquisition auprès de Rhodia. Ce site, l'un des cinq en France à fabriquer des substances per- et polyfluoroalkylées, communément appelées PFAS ou "polluants éternels", est critiqué pour le caractère persistant de ces produits dans l'environnement.
Dans sa lettre, Serge Allegre, secrétaire général de la Fnic-CGT, déplore les conséquences potentielles de ces prises de position sur l'industrie chimique française. "Cautionnerez-vous, avec de telles affirmations, la disparition de la pétrochimie sur le sol français, pourtant essentielle à notre souveraineté industrielle et à la production de produits chimiques de base ?", interroge-t-il, alors que le secteur craint jusqu’à 15.000 suppressions d'emplois en France.
Il ajoute : "comment comptez-vous mettre en œuvre une stratégie de réindustrialisation verte sans l'utilisation de produits potentiellement dangereux pour l'homme ou l'environnement ?"
Pour sauver l'activité de l’usine de Salindres, Serge Allegre propose une solution ambitieuse : transformer ce site en "un grand laboratoire industriel de dépollution PFAS, financé par la logique du pollueur-payeur". Et de conclure, avertissant le gouvernement des risques de délocalisation : "ce qui ne sera pas produit sur notre territoire, alors que les besoins sont présents, le sera dans d'autres pays où les normes environnementales ne sont pas les préoccupations premières."
Ecrit avec l'AFP.