Les salariés craignent "des maladies et cancers qui se déclarent tardivement" : la grève levée à l'usine Solvay, mais le bras de fer continue

Après 15 jours de grève les employés de l'usine Solvay à Salindres, dans le Gard, ont repris le travail. Ce 10 octobre, les syndicats ont signé un protocole avec la direction concluant quelques avancées sociales sur le site, dont la fermeture est toujours prévue en 2025.

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Hier soir, jeudi 10 octobre, la production a été relancée à l'usine de Solvay de Salindres (Gard). Bien qu'un accord de fin de conflit ait été signé entre la direction générale et les organisations syndicales, il s'agit d'une victoire en demi-teinte pour les salariés.

Avec ce protocole, 12 CDI seront sauvegardés sur les 68 emplois. Les employés licenciés bénéficieront d'une indemnité augmentée à 40 000 euros, mais pour les représentants syndicaux, le combat est loin d'être terminé.

Un territoire économiquement dépendant

"C'est clairement insuffisant, on a essayé d'avoir un montant assez élevé pour permettre aux salariés de se retourner, car dans le nord du Gard, il n'y a rien, niveau industriel et surtout en chimie", explique Damien Olry, délégué central CGT à Solvay. Il va donc falloir partir loin, alors que certains ne sont pas mobiles, car leur conjoint ou conjointe travaille ici ou alors des enfants scolarisés. C'est pourquoi on avait essayé de négocier une indemnité supralégale conséquente."

Outre les employés, il y a aussi tous les sous-traitants et les commerces alentour qui vont en pâtir en cas de fermeture du site.

Damien Olry, délégué syndical CGT de Solvay

Le 5 octobre dernier, une manifestation des habitants de Salindres avait déjà eu lieu pour demander le maintien de l'usine, indispensable à la vie économique du territoire.

D'ici fin novembre, les syndicats continueront de demander la suspension de la fermeture du site et s'attaqueront surtout à un nouveau volet des négociations : la santé. Dans cette usine de chimie, les employés produisent une substance appartenant à la famille des Pfas (per- et polyfluoroalkylées), aussi appelés "polluants éternels". Ils souhaitent maintenant que l'entreprise reconnaisse la dangerosité de cette exposition, en cas de scandale sanitaire dans les prochaines années.

Crainte pour la santé des salariés

L'entreprise justifie sa volonté de suppression de postes par des raisons économiques, mais aussi par le durcissement de la réglementation sur les substances chimiques Pfas. Les salariés de l'usine attendent toujours une réponse claire sur la dangerosité du produit.

On veut que soit reconnu le fait qu'on a respiré des Pfas pendant des années, pour que, si nécessaire, Solvay assume de nous avoir empoisonner pendant des années.

Cédric Cozo, délégué syndical CGT à l'usine Solvay

"On avait fait voter une expertise il y a quelques mois sur les Pfas, suite à différents reportages qu'on avait vus, et le rapport qui nous est parvenu est accablant", tacle Cédric Cozo, délégué syndical CGT. On se rend compte qu'on travaillait dans des conditions qui n'étaient pas bonnes du tout, car ce produit était nocif depuis des années. On craint que ça évolue en scandale sanitaire similaire à celui de l'amiante, avec des maladies et cancers qui se déclarent tardivement. On demande donc à Solvay de prévoir de l'argent pour ça."

La seconde partie du rapport d'expertise sanitaire devrait être communiquée aux syndicats le 18 octobre prochain.

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