Quand l'histoire de l'ours se répète en Ariège : en 1855, une ourse était abattue sur la commune de Seix

Samedi 20 novembre, attaqué et blessé par une ourse, à Seix (Ariège), un chasseur de 70 ans a abattu le plantigrade, laissant deux oursons orphelins. Il y a 166 ans, la commune ariégeoise connaît un épisode identique. La preuve que la cohabitation entre l'Homme et l'animal ne date pas d'hier et de la longue présence de l'ours en Ariège.

Samedi 20 novembre, un chasseur est gravement blessé sur la commune de Seix (Ariège), dans le secteur du Couserans. Selon la version de la victime, vers 15 h 30, l'homme de 70 ans aurait été attaqué par une ourse accompagnée de ses petits. La femelle l'a mordue à la jambe. Le chasseur fait feu à deux reprises vers l'animal et le tue. Ce fait divers qui ravive les tensions entre défenseurs de la réintroduction de l'ours et ses opposants, essentiellement des éleveurs et des bergers, souligne une réalité oubliée. Celle de l'histoire commune du village de Seix et des ours.

Comme l'a rappelé l'historien et animateur télé, Xavier Mauduit, dans l'émission 28' d'Arte, mardi 23 novembre, la municipalité ariégeoise a connu dans le passé, exactement le 16 février 1855, une histoire présentant de nombreux points communs. 

 UNE OURSE DANS LA FORÊT DE SEIX

L'histoire est rapportée par "le journal de Toulouse". Selon le quotidien, une lettre écrite de Saint-Girons (Ariège) par un certain G.Tariol lui expose les faits suivants : 

Le 16 février, M.Gauthier, garde à cheval des forêts de Seix, fut informé, par un berger, de la présence d'un ours dans la forêt de Seix. Cet employé se rendit le lendemain matin dans la forêt, accompagné des sieurs Vital et Boscat, gardes forestiers à la même résidence, et de quelques individus. Arrivés sur les lieux, M. Gauthier se trouve en présence d'une ourse énorme qui sortait de sa tanière. Ce courageux employé ne perd pas son sang-froid ; il tire un coup de fusil sur la bête, et l'atteint à l'une des jambes de derrière. Plusieurs autres coups sont tirés et finissent par l'étendre morte.

G.Tariol

Le journal de Toulouse, 1855

Les chasseurs découvrent rapidement un ourson, âgé "d'environ 15 jours". L'acte "courageux" des chasseurs est "applaudi par les habitants de la localité, qu'ils ont délivrés d'un animal qui détruisait leurs troupeaux." Mais la curiosité des villageois de découvrir ces bêtes n'était pas gratuite. Les chasseurs ont usé de leur droit en couvrant d'un "long tapis" les animaux morts. "Moyennant 10 centimes", les cadavres des deux bêtes étaient exposés.

UN TERRITOIRE INFESTÉ D'OURS ET DE LOUPS

Cette histoire, Olivier de Marliave la connaît bien. Selon le journaliste et écrivain, auteur du "Histoire de l'ours dans les Pyrénées", aux éditions Sud Ouest, "l'ourson aurait été d'ailleurs récupéré par un habitant du village voisin d'Oust afin de le dresser et de le montrer dans un cirque." Le métier de Montreur d'Ours. Une spécialité, quasiment exclusive, des habitants de deux vallées ariégeoises : celles de l'Alet (Ustou) et du Garbet (Aulus-Ercé-Oust). L'activité fera vivre de nombreuses vallées ariégeoises.

Dès le XVIIIe siècle, l'Ariège avait la réputation d''être infestée d'ours et de loups". Le territoire de Seix et les villages aux alentours ne font pas exception. "La toponymie du Couserans démontre la présence de cet animal dans cette partie de l'Ariège. Les ours importés de Slovénie ont d'ailleurs retrouvé d'instinct les territoires ariégeois. Sur les 64 animaux recensés, actuellement, dans les Pyrénées une quarantaine se trouve dans le haut Couserans."

LA "MYTHIQUE" CHASSE D'ALBERT 1ER DE MONACO

Au cours de l'Histoire, la présence de l'ours a valu au Couserans d'attirer de riches amateurs de chasse. "La plus célèbre remonte à 1915, raconte Olivier de Marliave. L'événement a été organisé pour Albert 1er de Monaco. Un grand chasseur de fauves qui voulait un ours à son palmarès. Malheureusement pour lui, il ne fit face qu'à une ourse et n'eut pas l'autorisation de la tuer." Le dernier à tirer un plantigrade sur ce territoire sera quelques années plus tard un certain Théodore Bardou. Jusqu'à ce samedi 20 novembre 2021.

 

 

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