Faire le plein d'essence en Andorre, c'est le bon plan pour de nombreux automobilistes français qui habitent non loin de la frontière. Les prix y sont plus intéressants. Sauf quand de l'eau se retrouve mélangée au carburant. La facture peut alors s'avérer particulièrement salée.
"Je fais la route une fois par mois, pour y faire le plein car c'est moins cher." Comme elle le fait depuis dix ans, le 18 février 2024, Nathalie* se rend au Pas de la Casa, en Andorre, pour remplir le réservoir de sa voiture. Elle s'arrête toujours à la même station et n'avait jusque-là jamais eu de soucis. Mais ce dimanche-là, le plein d'essence va lui coûter beaucoup plus que prévu. Sur la route du retour, une fois passée la frontière, elle tombe en panne.
De l'eau dans l'essence
Arrêt obligatoire chez le garagiste qui va très vite suspecter l'origine de la panne. "Ils ont transvasé le contenu de mon réservoir dans des bidons. Et ils ont clairement constaté qu'il y avait trop d'eau mélangée dans l'essence", raconte Nathalie.
Le moteur est mort. Un plein à 50 euros va finalement me coûter 5000 euros en réparation.
Face au devis, Nathalie décide de se retourner rapidement vers la station-service en question. Elle fait jouer les assurances. Dans le même temps, elle poste un message sur la page d'un groupe Facebook dédié aux informations concernant le Pas de la Case. Objectif : savoir si d'autres personnes ont été victimes de la même mésaventure.
Un lien avec la fonte de la neige ?
"Y en a-t-il d'entre vous qui ont eu, comme moi, de l'eau dans le carburant ?" La question posée va engendrer une centaine de commentaires des habitués du plein en Andorre. La station-service en question recueille des avis mitigés. Certains évoquent, comme Nathalie jusque-là, aucun problème après des années de pratique. D'autres témoignent du même souci, après un approvisionnement au même endroit.
Et puis, il y a ceux qui avancent des explications. "Toutes les stations ont de l'eau avec la fonte de neige, avance un internaute. Tout dépend de la cuve et de la quantité restante. Il faut juste avoir de la chance et ne pas tomber sur une cuve presque vide, c'est tout."
Mais Nathalie a du mal à le croire, surtout après avoir elle-même, dit-elle, travaillé dans une station-service.
Pour moi, ce n'est pas possible. Une cuve, elle est fermée. Elle est censée être étanche.
Du carburant volontairement coupé à l'eau ? L'automobiliste malchanceuse n'ose pas y songer, tout en s'interrogeant sur la vitesse à laquelle la station incriminée a répondu à ses sollicitations. "Ils ont répondu vite. Si j'étais un cas isolé, ils auraient pu m'ignorer, ne jamais répondre à ma demande." En moins d'une heure, elle reçoit une photo de son arrêt pour faire le plein, et un rapport stipulant que des relevés sur la cuve n'ont révélé aucune anomalie. Mais ce dernier date du 21 février, trois jours après son passage.
"Qui ne tente rien, n'a rien"
Nathalie a transmis l'ensemble de ces documents à son assurance. La station en a fait de même de son côté. Mais l'automobiliste malheureuse ne se fait pas beaucoup d'illusions. "Si je peux au moins me faire rembourser mon plein...", nous dit-elle tout en précisant que sa voiture est cotée à 5600 euros maximum. Soit, l'équivalent du montant des réparations.
Retournera-t-elle faire le plein en Andorre ? Oui, nous dit-elle, mais elle devrait changer de fournisseur. Les habitués sont en effet nombreux à préconiser de ne pas s'arrêter à la première station après la frontière, et de faire cinq kilomètres de plus pour faire le plein un peu plus haut.
En cette fin février, le prix des carburants frôle les 2€, alors qu'il ne dépasse pas 1,5€ en Andorre. Étant donné que son dossier est entre les mains des assurances, l'automobiliste a préféré garder l'anonymat. Nathalie est un prénom d'emprunt.