La victoire de la dissidente PS, Martine Froger, dimanche 2 avril en Ariège face à Bénédicte Taurine, candidate sortante (NUPES-LFI) continue de provoquer de vives réactions. Valérie Rabault, vice-présidente PS de l'assemblée, tire à boulet rouge sur le 1er secrétaire du PS Olivier Faure.
Divisions, déclarations outrancières, déchirements... la victoire de la dissidente PS Martine Froger dimanche 2 avril dans la première circonscription de l'Ariège face à Bénédicte Taurine, candidate sortante (NUPES-LFI) n'en finit pas de déchirer la gauche.
Après la réaction de Christophe Bex, député LFI haut-garonnais comparant les électeurs de Martine Froger à des bourgeois "préférant Hitler au Front populaire", Olivier Faure a parlé de "victoire à la Pyrrhus"*. Ce qui lui vaut une remontée de bretelles en règle de la vice-présidente PS de l'assemblée nationale Valérie Rabault. Elle met en cause la "légitimité" de Faure et dénonce un "communiqué ahurissant et scandaleux".
L'ancienne présidente du groupe PS à l'assemblée, dont la voix porte dans le parti, a dénoncé sur franceinfo un "communiqué ahurissant et scandaleux de la direction du parti socialiste qui n'a pas de légitimité pour faire un tel communiqué".
"Quand on fait à peu près 50% des voix, on n'a pas de légitimité pour engager ainsi le parti socialiste", a-t-elle ajouté en référence au congrès très serré de janvier qui a vu M. Faure talonné par Nicolas Mayer-Rossignol, tenant d'un PS refusant l'alliance avec LFI.
Dans ce communiqué dimanche soir, Olivier Faure avait estimé que "la victoire à la Pyrrhus" de Martine Froger, soutenue par des personnalités anti-Nupes comme Carole Delga ou Anne Hidalgo, contre la candidate LFI-Nupes Bénédicte Taurine "n'ouvre aucune perspective pour la gauche puisqu'elle s'est construite dans une alliance avec les droites contre l'union de la gauche et des écologistes".
"Il faut quand même regarder les choses en face: cette circonscription, elle reste à gauche (...) et je pense qu'on devrait déjà s'en réjouir", a estimé Valérie Rabault citée par l'AFP. Elle souhaite que Martine Froger siège dans le groupe socialiste de l'Assemblée.
Pression sur le groupe socialiste ?
Elle a par ailleurs jugé comme "non plus acceptable que l'autre camp au sein du parti socialiste utilise cette législative partielle pour mettre la pression sur le groupe socialiste". Pour elle, les quatre groupes PS, PCF, EE-LV et LFI composant la Nupes "travaillent bien à l'Assemblée nationale".
"Il y a des combats que nous menons avec eux et puis il y a des moments où nous ne votons pas comme eux", a-t-elle expliqué. "Chaque groupe arrive à garder son identité, à avoir cet équilibre qui est délicat entre garder son identité et être loyal dans l'union", a-t-elle observé, souhaitant qu'"on prenne exemple sur ce qui se passe à l'Assemblée nationale".
"Guerre fratricide"
Valérie Rabault a le soutien entier de l'Ariégeois Kamel Chibli qui réagit lui-même vivement : "cette déclaration, c’est le début de la fin du PS versus Olivier Faure. Il a acté clairement une guerre fratricide. Il engage le parti sans consulter tout le monde alors qu’il ne représente qu’une partie et en toute sincérité, les déclarations qu’il fait sans connaître l’histoire ni la réalité locale, quand il dit de la candidature de Martine Froger, « l’alliance des droites », c’est une honte finie, un véritable scandale !"
Pour le vice-président de la Région, la NUPES version juin 2022 est finie. "C’est lui-même qui enterre la NUPES en rendant la gauche irréconciliable. Martine Froger est socialiste et elle est soutenue par l’ensemble des cadres socialistes du département. On a la région, le département, un sénateur, un député et l’ensemble des conseillers départementaux. Et cette déclaration est au-delà d’une déclaration de guerre, c' est un aveu d’échec et de faiblesse".
Déluge de déclarations
"Je vois que les déclarations se succèdent et qu’il n’y a aucune réflexion sur le pourquoi la candidate LFI a perdu autant de voix, poursuit Kamel Chibli. Moi je l’ai vu, on a fait du porte-à-porte... Il y a clairement un rejet de Mélenchon et un rejet de la façon dont certains parlementaires font de la politique, notamment des élus LFI ».
Pour l'élu, ces déclarations desservent le PS. Il les qualifie de déni de démocratie et les juge dangereuses avant de conclure qu'elles valent celle de Jean-Luc Mélenchon : "S'il a envie d’être soumis à Mélenchon, il quitte le PS et part chez Mélenchon, il n’y a pas de souci".
La hache de guerre est déterrée durablement, semble-t-il. Certainement pas au bénéfice de la gauche.
*Une victoire à la Pyrrhus fait référence à la victoire de Pyrrhus Ier d'Epire contre les romains en Italie. Elle signifie une victoire qui n'en est pas une car obtenue trop facilement au prix de pertes telles qu'elle équivaut quasiment à une défaite.
(Avec AFP)