La préfecture de l'Ariège autorise l'exploitation d'une carrière de marbre à ciel ouvert à Saint-Lary

La préfecture de l’Ariège a autorisé l’exploitation d’une carrière de marbre à ciel ouvert à Saint-Lary. Un projet contre lequel se bat l’association Protégeons la Haute Bellongue depuis 4 ans. Un recours va être déposé devant le tribunal administratif de Toulouse.

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Depuis 4 ans l’association Protégeons la Haute Bellongue se bat contre un projet de carrière de marbre à ciel ouvert sur un site de 3,4 hectares sur la commune de Saint-Lary en Ariège.
Mais la préfecture vient de donner le feu vert à la société Carrière des Quatre Saisons. L’arrêté préfectoral autorisant l’exploitation a été signé le 6 juillet.
L’autorisation est donnée pour une production moyenne de 1 000 m3 par an et au maximum de 2000 m3 par an. Elle est valable pour une durée de 30 ans.
 

Un projet dépourvu d'intérêt général selon l'association

L’association dénonce dans son ensemble un projet dépourvu d’intérêt général, élaboré sans concertation avec les habitants et qui menacerait la vallée et l’habitat d’espèces rares et protégées.

L’association estime notamment que "l’exploitation du marbre génère de nombreuses nuisances et de forts impacts environnementaux pour une utilité économique et sociale plus que discutable". Elle rappelle que "le marbre n’est pas un matériau traditionnellement utilisé dans la région et que la majeure partie du marbre est actuellement exportée en Asie et au Moyen-Orient". "À Saint-Lary, explique l'association, les retombées économiques locales seraient pratiquement nulles, tandis que la dégradation de l’environnement nuirait à l’économie locale existante, essentiellement dépendante du tourisme et de l’agriculture."

"Ce n'est pas un projet qui va redynamiser la vie locale. Il a été accueilli par la municipalité sans réflexion sur un autre développement possible du territoire",
indique Frédéric Lelandais de l'association Protégeons la Haute Bellongue.

Les retombées économiques sur la vallée et la région sont totalement illusoires

Frédéric Lelandais, association Protégeons la Haute Bellongue



L'intérêt économique pour la commune et la vallée semble en effet limité puisqu’un seul emploi direct d’ouvrier polyvalent sera recruté localement. Le marbre est extrait mais il n'est pas traité sur place. Dans son dossier de demande de réouverture de cette marbrière (l'activité avait été arrêtée au début du 20 ième siècle), le futur exploitant rappelle que "le gisement exploité est connu sous l’appellation Fleur de pêcher et se présente sous la forme d’une brèche polychrome" et que la société Carrière des Quatre Saisons "s’appuie sur les compétences techniques des Carrières PLO dont l’activité en marbrière est reconnue dans le secteur de Sarrancolin où elle exploite les carrières de Beyrède-Jumet et d’Ilhet (65)."

Concernant la production, la société explique que "le marbre découpé sous forme de blocs (dimensions moyennes 3 m x 1.5 m x 1.5 m) est à vocation ornementale. Aucun façonnage ne sera réalisé sur place. Les blocs peuvent être vendus en local (marbrier), sur tout le territoire national et sur le marché international (Chine, Inde, dans le Golfe Arabique…) pour la réalisation, l’aménagement et la décoration d’ouvrages prestigieux. La réputation de ces marbres anciennement exploités dépasse très largement le secteur local", précise-t-elle.
 

Le maire de la commune soutient le projet 

Contacté par France 3 Occitanie, le maire de la commune, Gérard Dubuc rappelle qu'il soutient ce projet depuis plusieurs années et qu'il n'y voit que des avantages. "Je le soutiens pour plusieurs raisons", explique-t-il : "la qualité du produit, le développement économique et le fait que ce projet soit très protecteur de l'environnement."
Selon lui, il n'y aura qu'un seul emploi direct mais derrière il faut voir les retombées économiques liées à l'activité sur la commune : l'hébergement, les restaurants et tous les matériaux qui seront nécessaires à l'entreprise.
 

On peut se regrouper avec d'autres communes et faire une vitrine des marbres du Couserans. On développerait un activité économique et une attractivité touristique en exposant les marbres travaillés.

Gérard Dubuc, maire de Saint-Lary en Ariège


Quand on lui fait remarquer que les marbres seront probablement exportés, le maire répond : "c'est à nous les élus de faire des propositions pour que l'on ait une activité économique qui se développe. Il faut trouver des entreprises qui travaillent le marbre. Des gens qui font des sculptures ou des bijoux."

Une enquête publique a eu lieu du 27 janvier au 26 février 2020 sur les communes de Saint Lary, Antras, Augirein et Sentein. Au début du mois d’avril, le commissaire enquêteur a rendu un avis favorable pour ce projet de carrière de marbre avec des réserves et des recommandations.

L’arrêté préfectoral précise donc que l’exploitation doit être menée "de manière à ne pas être à l’origine de bruits aériens ou de vibrations mécaniques susceptibles de compromettre la santé ou la sécurité du voisinage ou de constituer une gêne pour sa tranquillité". L’exploitant a obtenu l’autorisation de faire transiter les blocs de marbre par le village seulement la première année, ensuite les camions devront utiliser une route forestière sur une piste de 18 kilomètres.
 

Une dérogation à la protection de 45 espèces protégées

La société Carrières des Quatre Saisons a également obtenu une dérogation à la protection stricte de 45 espèces protégées (essentiellement des oiseaux et des chauves-souris). L'avocate de l'association, Alice Terrasse, rappelle que ces dérogations sont accordées à condition que le projet réponde à une nécessité absolue. Juridiquement, il faut "une raison impérative d'intérêt public majeur". Mais selon l'avocate le projet ne répond pas à cette notion. "C'est une petite carrière", dit-elle, "avec un seul emploi et rien ne démontre que le marbre soit nécessaire. Le marché n'est pas français."

L’association qui compte une centaine d'adhérents reste déterminée à s'opposer essentiellement sur le plan juridique à ce projet de carrière de marbre. Un recours contre l'arrêté préfectoral sera déposé dans les semaines qui viennent devant le tribunal adminsitratif de Toulouse.

Le village de Saint-Lary en Ariège se trouve à la limite de la Haute-Garonne près de la station du Mourtis.
 
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