Protection des ours dans les Pyrénées : alertée par les associations, Bruxelles rappelle à l’ordre la France

La France se fait taper sur les doigts par la Commission européenne. Alertée par les associations, Bruxelles demande à la France de mieux protéger l’ours brun dans Pyrénées.Trois ours ont été tués par l'homme cette année dans le massif franco-espagnol, l'Etat a l'obligation de les remplacer.
 

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"L’état de conservation de l’ours brun est toujours défavorable", explique la Commission européenne dans un courrier du 3 décembre. Bruxelles demande à la France de suivre "les recommandations de réintroduction menées par l’expertise scientifique du Muséum national d’histoire naturelle et la mise en œuvre du plan d’actions ours brun 2018-2028."
Un plan d’action qui semble "passé aux oubliettes" pour Alain Reynes, directeur de l’association Pays de l’Ours-Adet qui a alerté Bruxelles sur la situation.
 
Le plan prévoit notamment de remplacer tout plantigrade mort par la main de l'homme. D’où l’incompréhension des associations.

Cette année trois ours ont été malheureusement tués dans les Pyrénées par la main de l’homme, l’Etat ne devrait faire preuve d’aucune hésitation, il doit remplacer immédiatement tout ours dont la mort est causé par l’homme, il est engagé dans le plan et doit réparer le plus vite possible.

Alain Reynes, directeur association Pays de l'Ours-Adet

Depuis le début de l'année trois ours ont été tués dans les Pyrénées. L'ours Cachou avait été retrouvé mort dans un ravin dans les Pyrénées espagnoles le 9 avril dernier. Un agent espagnol de l'environnement avait été interpellé. Après cachou c'est un deuxième ours, un jeune mâle qui a été retrouvé mort en Ariège sur la commune de Ustou, tué par balles. Dernièrement, c'est l'ourse Sarousse qui a été tuée, côté espagnol lors d'une battue au sanglier.

"Silence de cathédrale"

Dans ce courrier en date du 3 décembre, la Commission européenne relève que "la conservation de l’ours brun est toujours défavorable" et que "la principale difficulté qui empêche la mise en œuvre rapide de mesures de réintroduction reste toujours l’absence d’un climat de discussion plus favorable."
Le plan d’actions ours brun 2018-2019 a conduit à "la réintroduction en 2018 de deux femelles venues de Slovénie et prévoit plus largement le lâcher de nouveaux individus" pour que la population soit viable et pour assurer une connection entre les deux noyaux de population existants.

Avec le gouvernement les discussions sont à l’arrêt voire inexistantes déplore la coordination des associations Cap ours. Elle demande à l’Etat "des annonces immédiates" et déplore "la lenteur des enquêtes concernant la mort d’un ours il y a 6 mois, côté français en Ariège".

Du côté Espagnol, "cela avance, la justice fait son travail, une personne a été mise en examen mais côté français c’est un silence de cathédrale. Nous avons même demandé au procureur de la République de Foix, toujours rien. Alors nous alertons Bruxelles, c’est notre mission et nous réfléchissons actuellement à mener des actions en justice pour que le gouvernement applique le plan.

Alain Reynes, directeur association Pays de l'ours-Adet

 

Aquaboniste

Une situation inacceptable pour les associations qui voient dans ce silence "une manière d'entretenir le doute, de faire croire aux opposants que la réintroduction des trois ours ne se fera pas.

A quoi bon tergiverser, à quoi bon hésiter, à quoi bon perdre du temps, l’Europe vient de le rappeler c’est une obligation, on y gagnerait en clarté!

, rajoute Alain Reynes.
Les ours bruns dont la population tourne autour d’une cinquantaine d’individus, sont en danger critique d’extinction dans les Pyrénées. L’espèce est protégée mais des éleveurs contestent régulièrement la présence de l’ours qu’ils accusent de s’en prendre à leurs troupeaux. La part de la prédation de l’ours représente moins de 0,1% du cheptel qui estive dans les Pyrénées mais "certains estives se trouvent très impactées" souligne le plan d’action national.
 

"Condamner, réparer, restaurer"

Condamner, réparer, restaurer, c'est la maxime de l'association Pays de l'ours-Adet que rappelle Alain Reynes au gouvernement.
"Condamner", on attend toujours les résultats d’enquête explique Alain Reynes. "Réparer", le gouvernement en a l’obligation et se fait rappeler à l’ordre par Bruxelles, il faut montrer à ceux qui ont encore des velléités que de toute façon cela est obligatoire". Restaurer, "chaque individu est essentiel", rappelle Alain Reynes, "c’est la plus petite population d’ours en Europe, la loi européenne impose la restauration des populations dont l’ours fait partie, c’est un manquement de l’Etat français, il faut que les choses changent."

" Au moment où la France va accueillir le Congrès mondial de l'UICN (Union internationale de conservation de la nature) et où va se tenir la COP15 sur la biodiversité, ne pas remplacer ces ours tués de la main de l'homme enverrait au niveau international un signal très négatifs sur l'engagement de la France", 
souligne la quinzaine d'associations membres du collectif CAP-Ours.


La réintroduction de l’ours est une chance pour les Pyrénées, rappelle Alain Reynes, la présence de l’ours est un atout économique local, il faut mettre en avant ce patrimoine. 

 
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