Réchauffement climatique. Le frelon asiatique s'attaque aux abeilles jusqu'à 1200m d'altitude

Le frelon asiatique, nouveau fléau de l'apiculture, y compris en altitude. Dans les hauteurs de l'Ariège, des ruches sont décimées, et l'inquiétude monte au sein de la filière.

Cela fait 30 ans que Sylvie Humbert est apicultrice. Et pour la première fois, ses ruches sont décimées par le frelon asiatique. Si le phénomène est particulièrement inquiétant, c'est que l'insecte s'attaque aux abeilles, à 1200m d'altitude, dans les hauteurs de l'Ariège.

En vol stationnaire devant les ruches

Ce jour-là, c'est sous une pluie battante que l'apicultrice fait le point de situation. Les ruches sont installées à 1200m d'altitude, dans les hauteurs de l'Ariège du côté du hameau de Marc. Et la menace est belle et bien là. Sylvie Humbert a installé des pièges à frelon : des bouteilles d'eau sucrée pour attirer l'insecte, et cela fonctionne même s'il y a déjà bien des dégâts.

"Chaque jour, ils volent par dizaine devant les ruches fermées. Les abeilles sont condamnées, la moindre sortie est risquée", raconte l'apicultrice.

Si l'apicultrice peut nous montrer les frelons pris au piège, elle peut aussi compter les abeilles mortes. Sylvie Humbert nous explique que le frelon est carnivore. "Ils décapitent les abeilles, ils prennent le thorax. Et ils emmènent de la chair fraiche à leur colonie, aux larves qui sont nourries avec." Par mesure de précaution,  elle a donc fermé les ruches. Ce qui n'empêche pas le stress.

Les frelons restent en vol stationnaire face aux ruches : les abeilles sont en état de stress. Elles nous font des entrées et sorties spectaculaires avec des angles jamais vus pour éviter les frelons qui sont devant.

Sylvie Humbert, apicultrice en Ariège

Inquiétude pour l'avenir

Sylvie Humbert va bientôt passer le relais. C'est Janis Decaup qui devrait reprendre l'exploitation, mais celle-ci s'interroge sur l'avenir de la filière. "En Haute-Ariège, le frelon est un véritable fléau cette année avec des colonies qui s'effondrent, explique la jeune femme. Avant on le voyait un peu comme une aubaine parce qu'il nous permettait d'identifier, sans ouvrir les ruches, les colonies faibles parce qu'il stationnait devant. Mais là, il s'attaque même aux colonies les plus fortes."

Face à la menace exponentielle que représente le frelon asiatique pour la survie des abeilles, Janis aimerait que les institutions prennent le relais de la sensibilisation. Son inquiétude est réelle : "là aujourd'hui, on est sous une pluie battante et ils sont déjà là."

Ouais ça fait peur, ça fait peur parce qu'on se dit qu'il s'adapte à tout. Ici à 1200m d'altitude, ce n'est pas normal de les retrouver là sous une pluie battante.

Janis Decaup, future apicultrice

Cette migration du frelon asiatique en altitude a également été constatée par les professionnels de la désinsectisation. Jérémy Martin est l'un d'entre eux. Ce jour-là, il a rendez-vous pour une intervention sur un nid situé sur une propriété à flanc de montagne.

"Plus ça va, plus ils vont monter en altitude"

Jérémy raconte comment ses interventions pour détruire les nids de frelons ont évolué en l'espace de deux à trois ans. "De base, le frelon asiatique on allait le chercher dans les arbres, très haut. Et là, plus ça va, plus on se rend compte qu'ils vont s'installer dans des buissons, à ras du sol, ou même dans les talus."

La raison de ce changement ? Le réchauffement climatique, indéniablement. "Ils vont chercher des points un peu plus frais. Et on se rend compte que plus ça va, plus ils vont monter en altitude. Et donc, on fait des nids de frelon asiatique aujourd'hui à 1200-1300m d'altitude alors que ce sont des endroits où on ne les voyait pas avant."

Première région apicole de France en nombre de ruches et de tonnes de miel produites en 2019, l'Occitanie se retrouve en première ligne face à la menace du frelon asiatique. 

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