Georges Jolliot est un batteur d'armures médiévales. Métier qui se fait rare en France. Mais l'artisan, installé en Ariège, fait perdurer ce savoir-faire d'une autre époque jusque dans le monde de la haute couture. Reportage.
Il est l'un des derniers batteurs d'armures en France. Et dans son atelier installé à Montels, en Ariège, Georges Jolliot fait résonner son marteau avec la justesse d'un métronome. L'artisan perpétue un savoir-faire hérité du Moyen-Âge et façonne des répliques exactes de pièces d'armures d'époque. Un travail de qualité, à tel point qu'il s'est fait remarquer. Et collabore aujourd'hui avec Balenciaga, une grande marque de haute couture.
Loin du tumulte des défilés et des grands rendez-vous du monde de la mode, Georges Jolliot travaille à la force de son bras. Il reproduit fidèlement des modèles d'armure des XVème et XVIème siècles. Rencontre.
Autodidacte et passionné
Bam, bam, bam. À grands coups de marteau cadencés, Georges Folliot travaille une pièce métallique tout juste sortie de la chauffe. "En gros, je lui donne la bonne épaisseur pour qu'elle ait le bon poids et la bonne résistance au bon endroit", explique l'artisan en reposant un bout de bras d'armure.
"Mon vrai métier d'origine, c'est tailleur de pierre, nous raconte Georges Folliot. Mais depuis que je suis gamin, j'ai toujours aimé bricoler avec les armures. J'ai toujours eu une fascination pour ça, donc j'en ai fait par loisir. Et c'est un hobby qui est devenu un métier." Georges vit de cette passion depuis 15 ans maintenant. Les batteurs d'armures se comptent sur les doigts d'une main en France. Peut-être parce que ce savoir-faire nécessite une précision inférieure au millimètre. Peut-être aussi parce qu'il faut se former sur le tas.
Dans les armuriers reconnus en Europe, on a des gens qui viennent de différents millieux et ça se ressent dans leur façon de concevoir et réaliser les armures. Pour se former, il n'y a pas 50 solutions : on démarre comme amateur et puis, on se renseigne et on s'appuye sur des publications de spécialistes. Et on partage énormément.
Georges Folliot, batteur d'armures
Tombé dans l'oubli au fil des siècles, le métier de batteur d'armures reprend du galon. Depuis l'Ariège, Georges Folliot a acquis une renommée à l'international. En témoigne sa clientèle.
Main de fer dans un gant de haute couture
L'artisan fait dans le sur-mesure. Pour une armure complète, il faut compter trois mois de travail à temps complet. Un travail qu'il facture ensuite à ses clients entre huit et douze mille euros. Mais sa grande fierté, c'est d'avoir été repéré par un grand nom de la mode et de la haute couture.
"J'ai eu la chance d'avoir été contacté par la firme Balenciaga il y a à peu près deux ans et demi, au tout début de la période Covid. J'ai réalisé pour eux une armure complète Greenwich de type 16e siècle. Une armure royale anglaise. Et maintenant, on en est aux commandes pour des VIP tous les ans", confie t-il dans un sourire. Sa pièce maîtresse ? Des gantelets, ensuite montés avec des gants de la marque de haute couture.
Humble, Georges Folliot se présente comme un simple fournisseur de Balenciaga. "Je n'ai pas à me mettre en avant là-dessus", dit-il. "Mais d'avoir ça à mon tableau de chasse. Travailler avec une firme de ce niveau-là, ouais, j'avoue que je suis quand même un peu fier", conclut le batteur d'armures. En attendant, entre musées et collectionneurs privés, ses mains de fer dans des gants de cuir sont adoptées aux quatre coins du monde.