Jugé pour l'agression en 2022 du maire de Laroque d’Olmes Patrick Laffont, le prévenu a été reconnu irresponsable et avait pour obligation d'être interné en hôpital psychiatrique. Une décision interjetée en appel et qui est suspendue jusqu'à la prochaine audience.
"Plusieurs autres personnes souffrant apparemment de troubles psychologiques errent sur notre territoire. PRUDENCE". Le post publié sur la page Facebook officielle de la Mairie de Laroque d’Olmes interpelle. Dans cette publication de quelques lignes publiée vendredi 3 février au matin, le maire Patrick Laffont, averti du retour de son agresseur présumé sur la commune.
Le 15 avril 2022, l’élu rapporte avoir été violenté devant sa mairie par un homme décrit comme un "marginal". Déclaré irresponsable lors de son procès, le prévenu avait pour obligation de suivre des soins psychiatriques en établissement fermé et de ne plus approcher le maire. Une décision que l'homme aurait interjeté en appel et, qui par conséquent, est suspendue en attendant la prochaine audience.
"J’ai reçu une lettre qui disait que son internement forcé n’était plus nécessaire et qu’ils allaient mettre en place un nouveau protocole de soin qui ne nécessitait pas l'internement", rapporte le maire qui craint de le recroiser dans les rues de sa ville. "J’ai fait ce post Facebook pour alerter les habitants parce que ce type de personnes représentent un danger et que les autorités ne font pas grand chose. Moi je veux qu’il soit interdit de ma commune !", poursuit-il.
Une altercation violente devant la mairie
Selon Patrick Laffont, cet homme ne serait pas le seul à présenter des troubles psychiatriques à Laroque d’Olmes. "J’en gère déjà plusieurs. J’ai des personnes qui voient des amis imaginaires, un autre qui prétend parfois vouloir égorger quelqu’un, ou encore un autre qui se tape la tête dans sa voiture pendant plusieurs heures. Mais on me dit qu’on ne peut rien faire, ni pour les aider, ni pour assurer la sécurité des habitants. Donc moi, je suis censé faire quoi. Attendre que ça dérape ?", s’emporte le chef de la ville.
Et il semblerait que ce soit déjà arrivé. Le 15 avril 2022, l’élu, accompagné de son premier adjoint et d'une conseillère municipale, se rend à la mairie où un rendez-vous avec la tête de liste de l’opposition est organisé. Il fait alors la rencontre d’un homme inconnu "qui avait tout l’air d’un marginal" affalé devant l’une des entrées du bâtiment aux côtés de son chien. Marié à une vétérinaire, le maire raconte s’être naturellement intéressé à la bête et aurait tenté d’engager la conversation avec cet inconnu en le questionnant sur le sexe de son compagnon de route.
Une invitation à laquelle son futur agresseur aurait répondu par un torrent d'insultes avant de tourner les talons. "Par égo, je l’ai suivi en lui demandant pourquoi il se permettait de me manquer de respect", avoue Patrick Laffont, qui essayait à ce moment-là de retenir le "vagabond" par les lanières de son sac-à-dos. Le ton monte entre les deux parties et la violence ne va pas tarder à s'immiscer entre eux. Selon le maire, son agresseur lui aurait asséné plusieurs coups de pieds dans les jambes avant de s’attaquer à son visage. "J’avais une lèvre explosée et ma mâchoire était douloureuse. Je n’arrivais presque plus à parler", se souvient l’édile ariégeois.
Reconnu irresponsable
Dans la foulée, l’homme est interpellé puis placé en garde à vue à la gendarmerie de Lavelanet. Il porte plainte à son tour contre le maire pour "abus de pouvoir". Mis en examen pour "violences sur personne dépositaire de l’autorité publique", le présumé agresseur est placé sous contrôle judiciaire et à l'interdiction d’approcher la victime en attendant la tenue du procès prévue pour le 9 juin 2022 au matin.
Mais faute d’un rapport psychiatrique clair qui établit ou non la responsabilité de l’accusé, l’audience est finalement renvoyée au 1er décembre, dans l’attente d’une nouvelle expertise qui tranchera finalement pour l’irresponsabilité du prévenu. Sur le banc de la victime, c’est la douche froide. "Je me demande encore comment il est responsable alors qu’au moment de mon procès il avait déjà été condamné plus de 10 fois pour vol à l’étalage, agression à l’arme blanche ou encore destruction de biens publics !", s’insurge Patrick Laffont.
Bien qu’il ne soit pas condamnable, le prévenu écope d’une obligation de soins psychiatrique et d’une injonction d’éloignement. "Quand on lui a interdit de s’approcher de moi pendant dix ans, il a lui-même demandé comment c’était possible de ne pas me croiser alors qu’on vit sur la même commune ? Même lui qu’ils ont déclaré irresponsable était plus censé qu’eux !", ironise le maire avec un sourire dans la voix.
Des arrêtés en attendant la prochaine audience
Mais deux jours avant la fin du délai d’appel, le prévenu conteste la décision. L’appel étant suspensif des mesures prises lors de l’audience, le présumé agresseur n’aurait plus l'obligation de suivre ses soins comme l’explique la lettre reçue par Patrick Laffont.
Depuis, l’homme mis en cause aurait regagné sa cabane installée depuis plus de trois ans sur le terrain d’un employé municipal avec qui le maire confie avoir quelques différents. Faute de "mesures concrètes" et en attendant la tenue de ce nouveau procès, l'élu, qui a reçu le soutien de l’Elysée, prévoit de rédiger plusieurs arrêtés pour interdire tous types d’installations sauvages sur des terrains privés et publics.