Lundi 19 décembre 2022, une habitante de la commune de Daumazan-sur-Arize (09) s'est rendue en mairie pour faire signer un papier. Le maire veut des précisions sur le document que la femme refuse de lui fournir. Elle gifle l'élu et renverse tout à l'accueil.
C'est la quatrième agression d'un élu dans le département de l'Ariège depuis le début de l'année. Cette fois, c'est Jean Leclerc, maire de la commune de Daumazan-sur-Arize, qui en a été la victime.
"La femme est rentrée en furie"
Ce lundi matin 19 décembre 2022, une dame et son fils arrivent dans le bureau de Jean Leclerc pour faire authentifier une signature avec sa carte d'identité. Après examen du papier, le maire lui demande de quoi il s'agit et la femme lui répond qu'il n'a pas le droit de savoir. Dans ces conditions, a t-il rétorqué, je ne signe pas. L'édile tente de lui remettre le papier. "C'est alors que la femme est rentrée en furie et m'a giflé", explique Jean Leclerc sidéré. "Ma réaction a été de demander à la secrétaire de mairie d'appeler les gendarmes et les adjoints à la rescousse. Je me suis mis en retrait tout en faisant attention à ce que la secrétaire ne se fasse pas agressée elle aussi".
"2 ou 3 heures pour m'en remettre"
"Depuis lundi, je me suis remis de mes émotions, ce n'est pas la douleur de la gifle mais surtout un contrecoup psychologique. C'est assez pénible, il m'a fallu deux ou trois heures pour m'en remettre".
Dans ces circonstances, Jean Leclerc peut compter sur le soutien des autorités de l'État, de la sous-préfète de Saint-Girons, du colonel de gendarmerie, "tout le monde m'a appelé ce qui est assez sympathique".
Des appels qui font plaisir et qui ont ému le maire. "Ça soutient le moral parce que sur le coup on est très touché. C'est très choquant. Il n'y a rien qui justifie d'agresser, on est là au service de la population et de la République".
Jean Leclerc a su rebondir, "Il ne faut pas rester dans son coin, c'est le travail qui va me faire oublier toutes ces émotions", assure t-il.
Jacques Abiven, son premier adjoint est choqué lui aussi. Il a tenté de calmer la femme et son fils jusqu'à l'arrivée des gendarmes, en faisant durer la conversation avec cette dame, visiblement énervée. Elle tenait toujours à faire signer son document. "Au bout de dix minutes tout ce qui se trouvait sur la banque d'accueil de la mairie a valsé : les bannettes des conseillers, la décoration de Noël et même le plexiglas anti Covid est parti en pièces", raconte l'adjoint. "Cette personne est déjà connue sur la commune pour diverses interventions", confie t-il.
4 agressions en un an en Ariège
Norbert Meler, président de l'Association des Maires de France en Ariège (AMF) est aussi maire de Foix. Au nom de l'AMF, il va se porter partie civile.
"Dans un département rural comme le nôtre, le rôle du maire est très sensible du fait de la proximité avec la population. Quand on est élu local, on est le premier à avoir un contact physique avec la population. Nous allons suivre notre collègue de Daumazan-sur-Arize pour le soutenir dans sa défense". Une plainte a été déposée.
C'est triste d'en arriver à ce point.
Norbert Meler - Président de l'AMF en Ariège
4 agressions de trop !
Deux dossiers d'agression sont actuellement en instance de traitement en Ariège et un autre déjà jugé sur Laroque-d'Olmes, dans lequel l'auteur des faits a été reconnu irresponsable.
"Ce que l'on souhaite dans le cadre de l'agression de Daumazan, c'est que la justice sanctionne à la hauteur des faits et soit rigoureuse et sévère. C'est quatre agressions de trop. Il faut laisser aux élus la possibilité de faire leur travail, donner de leur temps et de leur énergie le plus tranquillement possible", conclue le président de l'AMF.