Contre toute attente, la Ligue de football professionnel (LFP) a claqué la porte de la Ligue 2 au nez du petit Poucet ariégeois Luzenac, vendredi, faute de stade aux normes.
Réuni "en urgence" vendredi matin, le conseil d'administration de la Ligue a refusé à l'unanimité de ses 24 membres l'accession du Luzenac Ariège Pyrénées (LAP) en L2 "car ce club ne dispose pas d'un stade répondant aux normes réglementaires de sécurité", a indiqué un communiqué de la
LFP.
"Malgré de multiples rappels, le club n'a pas pris les dispositions nécessaires pour évoluer dans un tel stade tout au long de la saison, ni même proposer une solution d'un stade de repli, répondant lui-même aux normes", a ajouté la LFP.
Les instances dirigeantes du foot ont donc décidé de débouter une nouvelle fois le petit club dirigé par Fabien Barthez, le gardien des Bleus champions du monde 1998. Ce qui va leur éviter un sacré casse-tête car la réintégration de Luzenac aurait entraîné un championnat de L2 à 21 clubs, la LFP ayant repêché Châteauroux dès juillet pour remplacer le LAP.
Luzenac avait pourtant trouvé une pelouse pour accueillir ses matches à domicile, avec l'enceinte d'Ernest-Wallon, qui héberge habituellement les rugbymen du Stade Toulousain. Mais la LFP n'a pas précisé en quoi le stade du plus grand club de rugby français ne répondrait pas aux normes de sécurité du foot professionnel.
Le club sous le choc
Dans un communiqué, le président de la région Midi-Pyrénées, Martin Malvy, a appelé la Ligue à "reconsidérer" sa décision et à "rechercher toutes les solutions possibles, y compris celles de dérogations exceptionnelles", soulignant au passage que sa région "participe au financement de la mise aux normes du Stadium de Toulouse exigées pour l'Euro 2016".
Après sa victoire le 1er août devant la justice administrative, Luzenac croyait pourtant avoir enfin fait plier les instances du foot français en obtenant jeudi
le feu vert de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), le gendarme financier du foot français, qui avait émis un avis favorable à l'octroi du statut professionnel au LAP en vue de sa montée en Ligue 2.
"Les maux de tête, c'est terminé. Maintenant, on va jouer au football et basta. On savait depuis le tout début qu'on était dans notre droit", s'était félicité
Fabien Barthez.
L'ensemble du club était donc sous le choc vendredi, mais ses dirigeants n'avaient pas encore réagi officiellement en début d'après-midi.
Deuxième du Championnat National derrière Orléans la saison passée, Luzenac, petit village de 650 habitants niché sur les rives de l'Ariège,
avait gagné sa place en L2 sur le terrain. Mais le club avait vu son dossier d'accession rejeté à deux reprises par la DNCG, le 5 juin et le 3 juillet, pour des raisons financières.
Une décision confortée par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) qui avait lui aussi émis un avis défavorable à la montée de Luzenac. Mais le tribunal administratif de Toulouse avait rebattu les cartes début août en ordonnant le réexamen du dossier du LAP par la DNCG.
Phase de réflexion pour Luzenac
Quelle va être désormais la suite de ce feuilleton qui dure maintenant depuis deux mois ?
Luzenac peut théoriquement encore déposer un recours devant le Conseil d'Etat mais la semaine dernière, son président, le promoteur immobilier toulousain Jérôme Ducros, n'était pas certain de vouloir aller jusque-là. "On est actuellement en phase de réflexion" sur la suite à donner au refus de
la Ligue, s'est contenté d'indiquer une source proche du club vendredi.
Refusée en Ligue 2, Luzenac pourrait retourner en National, mais le temps presse, le championnat de troisième division reprenant dès ce vendredi soir.