L’affaire a débuté près de Carcassonne après la découverte de migrants munis de faux papiers. Trois ans d’enquête avec l’aide des policiers aux Frontières de Perpignan ont révélé un trafic international d’êtres humains.
Tout commence en 2017. La PAF de Perpignan fait une descente dans l’Aude. Elle a été alertée par l’Inspection du Travail et l’URSSAF qui ont des doutes sur l’emploi de Vietnamiens dans deux restaurants, un dans la Haute-Vallée, l’autre dans le Lauragais. La Brigade Mobile de Recherche va effectivement découvrir la présence de deux travailleurs asiatiques en situation illégale et lance une vaste enquête.
« Au départ, c’est quelque chose de très banal qui part du fin fond de l’Aude, mais très vite on a été dépassé par l’ampleur de l’affaire », explique une source proche du dossier.
Du Vietnam à l’Aude : une filière très organisée
Les policiers vont mettre au jour un réseau de traite d’êtres humains dans tout le sud de le France et dans la région de Grenoble, impliquant 29 restaurants et 95 personnes.Le réseau de passeurs acheminait des migrants vietnamiens sur le sol français, leur donnait des faux titres de séjours puis les plaçaient dans des restaurants où ils étaient hébergés et employés en toute illégalité. De jeunes femmes et hommes qui devaient rembourser leur voyage, jusqu’à 35 000 euros. De leur côté, les restaurateurs payaient les cotisations et maquillaient les déclarations pour que ces emplois paraissent légaux.
Une affaire en lien avec le camion charnier de Londres
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Et va rebondir jusqu’en Angleterre et la sordide affaire du camion charnier près de Londres à l’automne 2019 dans lequel 39 corps de Vietnamiens avaient été découverts.Après les premières arrestations, l’OCRIEST (Office Central pour la Répression de l'Immigration Irrégulière de l'Emploi d'Etrangers Sans Titre) se saisit du dossier et déclenche des investigations à l’échelle nationale et internationale. Et après 3 ans de travail, auquel ont participé deux enquêteurs de la PAF de Perpignan, un vaste trafic d'immigration clandestine a été démantelé.
A ce jour en France, 19 personnes complices de cette filière vietnamienne d’esclavage moderne ont été interpellées, 13 écrouées. Pour l’heure, les 2 restaurants audois n’ont pas été fermés mais l’enquête se poursuit.