90 emplois sur 230 sauvés chez Spanghero à Castelnaudary

La société agroalimentaire Spanghero à Castelnaudary a obtenu, vendredi, le droit de survivre sous la houlette de son fondateur, Laurent Spanghero, qui s'est engagé à sauvegarder 90 des 230 emplois du site audois. La nouvelle entité baptisée, "Saveurs occitanes", remplacera Spanghero.

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Agé de 74 ans, membre d'une famille illustre du rugby français, le colosse aux cheveux grisonnants et à l'accent rocailleux se pose donc en sauveur de la société qu'il avait fondé avec son frère Claude en 1970 avant de la céder en 2009 à la coopérative basque Lur Berri.

Le tribunal de commerce de Carcassonne a retenu son offre dans laquelle il s'engage selon le jugement à "ne pas céder les actifs pendant 5 ans et à garder le personnel repris au moins pendant deux ans".
La nouvelle a été accueillie dans un mélange de soulagement et de scepticime par le personnel réuni à l'usine, que Laurent Spanghero est venu immédiatement rencontrer.

Interview de Laurent Spanghero dans le 19/20 de France 3 Languedoc-Roussillon, vendredi soir.

"Cela fait six mois qu'on a la tête sous l'eau. Est-ce que cela va tenir ou est-ce que les problèmes vont recommencer dans deux mois", s'interrogeait Raymonde Tomasella, depuis 14 ans dans l'entreprise de plats cuisinés et de transformation de viandes.
"Les salariés qui vont retrouver du travail, c'est pour combien de temps? Si c'est pour donner de l'espérance et que dans deux ou trois mois, ça s'arrête, cela n'aura servi à rien", tonne de son côté le secrétaire du CE (FO) Jérôme Lagarde.


Entreprise à l'arrêt

Laurent Spanghero, qui reprend l'entreprise associé à un promoteur immobilier de Narbonne, Jacques Blanc, et à la société de capital-risque
Investeam, s'est voulu rassurant, sans toutefois minimiser l'ampleur du défi.
"On va y arriver, mais j'ai besoin de vous", a-t-il déclaré aux salariés de l'entreprise qui n'a plus de clients depuis le 30 juin, à l'expiration du contrat avec le géant allemand de la distribution Lidl.
"Il fallait surtout éviter que l'entreprise ferme. C'est fait. Le reste est devant nous et ça va être compliqué mais on va essayer de s'y atteler", a-t-il déclaré, qualifiant la décision du tribunal de "victoire au goût amer" et témoignant de sa sympathie pour les 140 salariés qui ne seront pas repris.

Laurent Spanghero a fait état de nouveaux contacts avec Lidl et avec Casino. Il a indiqué qu'il discutait actuellement avec un producteur de tomates de Perpignan, "pour mettre en place la semaine prochaine une chaîne de tomates farcies".
Le projet de Laurent Spanghero mise sur le "développement homogène" des deux activités viandes et plats cuisinés de l'entreprise, qui s'appellerait dorénavant "Saveurs occitanes", rompant ainsi avec un nom désormais discrédité.

Les repreneurs devront non seulement retrouver des clients mais aussi honorer une dette de 11 millions d'euros souscrite en 2007 pour la construction de l'usine de Castelnaudary, même s'ils ont obtenu un rééchelonnement sur 22 ans au lieu de 10.
Cette charge est "inacceptable", ont estimé les rivaux malheureux, Delpeyrat et Deveille soutenus par des cadres de Spanghero, dont l'offre a été écartée par le tribunal à l'audience mardi.

En 2009, des difficultés financières avaient déjà poussé Laurent Spanghero à la céder pour un euro symbolique à Lur Berri, "afin de sauver les 450 emplois de l'époque".

Cinq mois de descente aux enfers

Même si l'avenir reste compliqué, et si des détracteurs dans l'entreprise doutent de la capacité de Laurent Spanghero à faire mieux cette fois, la décision du tribunal s'apparente à un répit, après cinq mois de descente aux enfers, de tourmente médiatique, de lutte et d'angoisse face à l'avenir. 
Spanghero a été désignée mi-février par le gouvernement comme un acteur primordial de la tromperie.
La société, affirmait le gouvernement, revendait en connaissance de cause de la viande chevaline comme viande de boeuf. Cette viande était achetée par des entreprises fabriquant elles-mêmes des plats cuisinés, comme des lasagnes, pour de grandes enseignes.

Spanghero, poids lourd économique régional qui revendiquait 360 salariés avant le scandale, espérait se rétablir après avoir récupéré ses agréments sanitaires.
Mais la révélation a posteriori (le 19 mars) de la découverte dans l'entreprise de viande de mouton britannique prohibée, en même temps que la viande de cheval, avat mis l'entreprise à genoux.
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