Au Mondial du vent, sponsors, techniques, réseaux sociaux : la vie des kitesurfeurs

"Pour les sponsors, même pour le circuit mondial (...) on te demande: quels sont tes chiffres sur les réseaux sociaux", explique Bruna Kajiya, championne du monde 2016 de kitesurf. Au Mondial du vent, du 11 au 17 avril à Leucate, les professionnels témoignent.

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Sur une planche à pleine vitesse, propulsés par une aile gonflée par le vent, ils s'élancent dans le ciel avant de retomber dans une gerbe d'eau. Né dans les années 1990, le kitesurf compte aujourd'hui son élite de sportifs professionnels, dont certains espèrent un jour entrer aux JO.

Au Mondial du vent, première étape de la Coupe du monde de kitesurf "freestyle", les compétiteurs répètent, sous l'oeil du jury, les figures acrobatiques qui ont fait la réputation de ce sport. Dans la Tramontane qui balaie la plage de la Franqui, à Leucate (Aude), une petite foule de spectateurs, certains équipés de jumelles et d'appareils photos, applaudissent ou soupirent, au fil des manches.

Le kitesurf, qui consiste à glisser sur l'eau à l'aide d'une aile en forme d'arche, est devenu en à peine vingt ans un sport avec ses champions, ses sponsors et son public.

"On bidouillait"

"J'ai commencé le kite en 1994", raconte Fabio Ingrosso, ancien champion qui accompagne de jeunes kitesurfeurs dans le circuit mondial. "J'ai vu les premiers gars ici, Raphael Salles et Laurent Ness à l'époque, qui bidouillaient avec des planches de windsurf, de surf, des cerf-volants".

"Au départ, c'était vraiment un sport extrême. On n'avait aucune idée de ce qu'on faisait", résume-t-il. Aujourd'hui, avec les écoles et l'évolution du matériel, le kitesurf est devenu "accessible" pour le grand public, estime-t-il, même si des accidents se produisent toujours.

En compétition, l'intensité et la technicité ont, en revanche, fortement augmenté. A travers le monde, les compétitions se sont développées dans les différentes disciplines du kitesurf: celle valorisant la virtuosité ("freestyle"), la hauteur ("big air") ou la vitesse ("foil"). Les meilleurs arrivent à en faire un métier à plein temps, comme la plupart des athlètes en combinaison sur le sable en cette mi-avril.

Peu de sponsors

S'il en vit bien, les sommes en jeu sont "très, très éloignées" de celles qui ont cours dans le surf, assure Youri Zoon, 27 ans, double champion du monde néerlandais : "On fait autant d'efforts que dans d'autres sports, mais le kitesurf n'est pas si visible que ça dans les grands médias, donc on n'a pas énormément de sponsors."

"Ca reste difficile d'en vivre", estime aussi Pauline Valesa, championne de France âgée de 19 ans, qui poursuit des études de sport en parallèle. "On peut vraiment profiter pendant plusieurs années" mais "c'est un sport assez nouveau, il est tout jeune".

Comme dans tous les sports extrêmes, les réseaux sociaux permettent de partager les techniques mais sont aussi un outil pour devenir professionnel.

"On ne peut pas s'en passer", juge Bruna Kajiya, 30 ans, championne du monde 2016 sous les couleurs du Brésil. "Pour les sponsors, même pour le circuit mondial (...) on te demande: quels sont tes chiffres sur les réseaux sociaux". "Ca fait partie du boulot", estime-t-elle.

Mieux encadré

"Quand j'ai commencé, je m'entraînais tout seul, on s'entraînait à plusieurs entre athlètes et on n'avait pas toute cette logistique autour", rappelle aussi Sébastien Garat, ancien champion du monde devenu entraineur de l'équipe de France. "Les riders maintenant ont un préparateur mental, ils ont un entraîneur pour la préparation physique".

En France, le kitesurf, qui était affilié depuis 2002 à la Fédération de Vol libre (FFVL) aux côtés du parapente et du cerf-volant, a été rattaché en janvier à celle de voile (FFV), non sans protestations de la part de la FFVL.

Objectif: s'aligner sur les autres pays car le kitesurf caresse aussi le rêve olympique.

Une démonstration en régate pourrait être proposée pour 2024 en France, si la candidature de Paris est choisie pour les Jeux, indique-t-on à la FFV, voire une épreuve à part entière - si les instances internationales décident de se laisser porter par le vent.
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