Dans l'Aude, une étude scientifique a été réalisée pour évaluer le taux de pollution de l'Orbiel par l'ancienne mine d'or de Salsigne. Une réunion publique avait lieu cette semaine avec les habitants de la vallée.
Une pollution avérée aux métaux lourds et à l'arsenic dans l'Orbiel : c'est ce qu'ont révélé les premiers résultats de l'étude scientifique DiagnOSE menée depuis deux ans dans la région.
Arsenic, cuivre, tellure : l'étude scientifique a prouvé que la pollution de la vallée n'a pas qu'une cause naturelle. En effet, ce taux de pollution est une des conséquences de l'exploitation de l'ancienne mine d'or de Salsigne, la plus grande d'Europe. Si la contamination par voie atmosphérique semble faible, les taux relevés dans la rivière Orbiel font bien apparaître cette pollution.
1 500 tonnes d'équivalent d'arsenic pur
Après deux ans de recherches, DiagnOSE comptabilise 1 500 tonnes d'équivalent d'arsenic pur sur le seul Pech de Montredon, une infime partie de ce que contient le sol de la vallée de l'Orbiel.
En 2018, la crue avait entrainé une envolée spectaculaire des taux de métaux lourds et d'arsenic dans les alluvions déposés dans les villages inondés, comme à Conques-sur-Orbiel et Lastours. Les scientifiques l'ont donc constaté, le taux de pollution est susceptible d'atteindre des sommets lors des crues.
"On a une augmentation significative des taux, après le village Lastours, lorsqu'on commence à rentrer dans l'ancien district minier de Salsigne : il y a un facteur 10 à 20 d'augmentation de concentration", explique Jerôme Viers, professeur à l'université de Toulouse Paul Sabatier.
Dépolluer, c'est techniquement impossible, explique Guy Augé, le président de l'association des riverains de Salsigne, alors l'association "attend la mise en sécurité du site".
Un audit attendu par les riverains
''Il y a une partie très technique donc on ne comprend pas tout mais on retient qu'on ne doit pas consommer nos légumes de jardin", c'est ce que retient Yolande, une habitante de Lastours de cette réunion publique.
Cet audit est la première étude d'ensemble qui évalue les causes de toutes les pollutions sur l'étendue du site (1 000 hectares) et de leurs conséquences. Présent aussi bien dans la terre, l'eau, la poussière ou le gaz, le taux d'arsenic est difficile à évaluer.
Un bilan était très attendu par les riverains pour renouer la confiance qui avait été fragilisée quelques années plus tôt. À l'époque, le bureau de recherches géologiques et minières, exploitant du site avait, selon beaucoup d'habitants, "sous-estimé la pollution du site".
La nécessité d'une recherche méthodologique
C'est ce qu'exprime Max Brail, le maire de Lastours à l'évocation du travail mené par ce bureau. "Comment peut-on faire pour mentir aussi longtemps à une population et espérer en avoir la confiance ? D'autant que ce qui n'est pas normal, c'est qu'ils étaient juges et partis puisqu'ils se contrôlaient par rapport aux analyses".
Philippe Behra qui dirige l'équipe DiagnOSE insiste sur la nécessité de faire valider le travail mené par des personnes extérieures "est-ce que la méthodologie est bonne, est-ce que les prélèvements ont été réalisés correctement, est-ce que l'analyse et l'interprétation sont correctes".
Les chercheurs de DiagnOSE n'ont pas obtenu les financements nécessaires pour étudier l'impact de la pollution sur la santé des habitants.
Ecrit avec Eric Henry.