Phénomène exceptionnel : un vautour de Rüppell, venu d'Afrique, observé seulement trois fois en 20 ans en Aveyron

Dans les gorges du Tarn, le Vautour de Rüppell n’a été observé que trois fois en 20 ans. Sa présence est rare en Europe. Selon la ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Grands Causses, la présence d’un spécimen venu d’Afrique subsaharienne a bien été découverte le 6 janvier 2023. Le rapace aurait suivi une colonie de vautours fauves espagnols.

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On sait comment ce vautour de Rüppel est arrivé dans les gorges du Tarn dans le Sud-Aveyron, en revanche les ornithologues ont du mal à expliquer pourquoi.

Pour Clément Ganier, membre de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Grands Causses, qui a observé sa présence le 6 janvier 2023 et photographié le spécimen en vol le 10 février dernier, "il est rare d’observer cet oiseau en Europe. Au-dessus des gorges du Tarn, il a été signalé seulement trois fois en vingt ans".

Une présence rare en Europe et en France

C’est une espèce qui vient d’Afrique subsaharienne, elle n’est pas présente en Europe. On suppose qu’il s’est retrouvé ici en suivant des vautours fauves espagnols, certains migrent en Afrique. "Il peut y avoir un erratisme (sans cohérence) chez certains individus qui vont chercher de nouvelles colonies, de nouveaux territoires, du coup ils vont être amenés à se déplacer, cela arrive".

Depuis, l’individu aurait déserté le Sud-Aveyron "on ne l’a plus vu depuis un mois " précise Clément Ganier "mais il aurait été aperçu dans le ciel des Alpes-Maritimes".

"Une espèce africaine comme celle-ci en France, c’est assez rare, la présence seulement d’une dizaine d’individus a été mentionnée", rajoute Clément Ganier,

En Aveyron, le phénomène est d'ailleurs plutôt récent : "les premières mentions valides dans les Grands Causses ont été faites en 2017, 2018 et en 2021, c’est très rare d’observer ces espèces".

Le rapace pourrait-il rester sur nos territoires et revenir en Aveyron ? On en est moins sûr, "mais au Portugal, il y a eu un vautour de Rüppell qui a vécu une dizaine d’années dans une colonie de vautours", précise l’ornithologue.

La raison du réchauffement climatique ?

Le vautour de Rüppell est une espèce menacée. Selon l'International Union for Conservation of Nature( l’UICN),  le vautour de Rüppell (Gyps rueppelli) est" classé sur la liste rouge des espèces en danger critique d’extinction à l’échelle mondiale, en raison d’un grave déclin des populations dans certaines parties de son aire de répartition".

Sa population a chuté de 97% en moins de 60 ans. Un déclin lié au réchauffement climatique et à la dégradation de l’habitat.

On pourrait le confondre avec un vautour mais le rapace se différencie par son plumage écailleux caractéristique et ses bandes claires sous les ailes. Le vautour de Rüppell est un très bon planeur et peut voler à plus de 11 000 mètres d’altitude. "Il y a un document qui révèle une collision au-dessus de la Côte d’Ivoire, entre un avion et un vautour de Rüppell à 11 277 mètres d’altitude, mais c’est un phénomène assez rare", explique Clément Ganier

 

Difficile de dire si sa présence sur notre territoire est liée au réchauffement climatique. "Cela est peu probable qu’un oiseau d’une espèce en déclin soit venu migrer chez nous. On peut cependant supposer qu’avec des températures qui se réchauffent dans nos régions, qu’il y aurait plus de flux migratoires de ces oiseaux, mais c’est quand même difficile à dire", raconte l'ornithologue.

L’impact climatique sur la migration des oiseaux en France

On observe des petits changements de migration d’espèces d’oiseaux sur notre territoire "et cela pourrait être amplifié dans les années à venir. Par exemple, la Fauvette mélanocéphale de nos régions méditerranéennes monte un petit peu d’années en années. On la trouve désormais en Auvergne alors que ce n’était pas le cas avant. On peut penser que ce phénomène arrive aussi pour d’autres espèces", explique Clément Ganier.

Les perruches introduites de façon accidentelle ont une "certaine facilité à s’installer en Europe et en France". Les perruches à collier originaires d’Asie s’acclimatent trop facilement, notamment à Toulouse (Haute-Garonne) où on dénombre 155 perruches vertes en 2023.

D’autres espèces d’oiseaux qui n’avaient jamais migré sur notre territoire pourraient être observées dans les prochaines années. Un mouvement migratoire modifié aussi en raison du dérèglement climatique. "Des espèces qui autrefois descendaient dans le sud pour profiter d’un hiver plus clément ont tendance à descendre moins bas, car les conditions climatiques en Espagne sont souvent suffisantes pour hiverner, il va y avoir des modifications, c’est sûr".

Le vautour de Rüppell pourrait trouver l’amour en Aveyron. "En Afrique des cas d’hybridation ont été observés et en Espagne plus d’une centaine de Rüppell ont intégré des colonies de vautour avec des appareillement", des couples se sont formés mais aucune naissance n’a été mentionnée.

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