Le verdict de la cour d'assises de Carcassonne est tombé ce mercredi vers 17h. Les deux militaires sont condamnés à 7 ans de prison pour l'accusé Colombien et 8 ans pour son collègue Ukrainien.
Le Colombien de 29 ans, Mario Hernan Tobar Gil ,père d'un garçon de 8 ans qui vit en Espagne avec sa mère, est condamné à 7 ans de réclusion criminelle.
Il accuse Roman Kolesnik d'être l'auteur du viol. "C'est une bagarre qui a mal tourné", avance son avocat, Me Olivier Andrieu, qui décrit son client comme un homme normal et sain. Me Andrieu émet un doute sur la réalité de l'agression sexuelle. "Y a-t-il eu tentative de viol, ou bien viol sur cette personne?" demande-t-il.
De son côté, l'Ukrainien Roman Kolesnik, un ancien militaire de l'armée russe âgé de 28 ans, dit ne pas avoir assisté au viol. Il est condamné à 8 ans de prison.
Un verdict plutôt clément. Les 2 hommes encouraient jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.
Les jurés ont suivi le réquisitoire de l'avocat général pour l'Ukrainien, mais ont alourdi de deux ans la peine requise contre le Colombien, pourtant indirectement innocenté par la victime, qui a désigné Roman Kolesnik comme son violeur. Avec une peine de cinq ans, le Colombien aurait rapidement pu bénéficier d'une remise de peine pour bonne conduite, ayant déjà purgé près de 2 ans et demi de prison.
"Nous sommes très déçus, lâche l'avocat du Colombien Olivier Andrieu. Nous ne savons pas si nous allons faire appel, nous allons réfléchir, car mon client a une bonne conduite en prison et il ne lui resterait qu'une année à faire".
Mon client, ajoute Me Andrieu, "se dit toujours innocent du viol pour lequel il a été condamné".
Mardi à l'audience, le légionnaire mongol avait accusé Roman Kolesnik de l'avoir violé avec un manche à balai. C'était la première fois qu'il portait de telles
accusations. Une accusation qui coïncide avec la version des faits du Colombien.
Roman Kolesnik, 28 ans, et Mario Hernan Tobar Gil, 28 ans, ont été jugés à Carcassonne à huis clos, à la demande du Mongol, traumatisé par cette affaire selon son avocat, et qui tenait à rester anonyme.
Olivier Vercellone, l'avocat de Kolesnik, estime que les trois jours d'audience n'ont pas permis d'élucider l'affaire. "On ne sait toujours pas qui a fait quoi. Il y a beaucoup d'incertitudes dans ce dossier, ce qui explique ce jugement en demi-mesure".
Les deux accusés ont été reconnus coupables de viol en réunion après deux heures de délibérations.
La cour d'assises de l'Aude n'a pas pu entendre les trois compagnons de chambrée supplémentaires: l'un a déserté, un autre a rompu son contrat et le troisième a été radié de la Légion.
Retour sur les faits
Le 30 avril 2010, les légionnaires de Castelnaudary commémorent la bataille de Camerone, un rendez-vous festif des légionnaires, copieusement arrosé.
Dans la nuit, un militaire effectuant une ronde de routine découvre le corps du Mongol, inconscient et portant de multiples traces de coups. Il est aussitôt hospitalisé.
Le légionnaire mongol "s'est rapidement remis physiquement, mais le traumatisme subsiste. Dans sa culture, c'est un acte extrêmement grave, il a tenté plusieurs fois de se suicider", relate Me Biteau. Il loue dans cette affaire le comportement "exemplaire" de la Légion, qui a alerté la justice civile et l'a affecté à sa demande dans un autre régiment.