Au lendemain des terribles inondations, la solidarité s'organise mais il faudra beaucoup de temps pour soigner les plaies de cette crue centenale.
Après des inondations meurtrières, l'Aude commençait mardi à panser ses plaies et à évaluer l'ampleur des dégâts, en surveillant avec anxiété les crues des cours d'eau.
Le bilan, qui a fluctué tout au long de la journée de lundi au gré des communiqués officiels, est très lourd : au moins 11 personnes ont été tuées dans la nuit de dimanche à lundi à la suite de violents orages qui ont provoqué de graves inondations dans l'Aude.
Le département est placé depuis lundi 6 heures, en vigilance rouge pour les crues.
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Le Premier ministre Edouard Philippe, qui s'est rendu sur place, a estimé que cet épisode météorologique était "par lui-même imprévisible". Une manière de dégonfler une polémique naissante, des habitants se plaignant d'avoir été mal informés de l'intensité à venir des orages.
"J'ai tout perdu, ordinateur, télé, les papiers... On ne peut plus habiter ici. Quel carnage! C'est toutes les maisons de la rue qui sont comme ça. On ne s'attendait pas à ça hier (dimanche), avec la vigilance orange. Ça veut rien dire vigilance orange !", s'est emporté un habitant de Villegailhenc, Johnathan Lafuente, âgé d'une trentaine d'années.
Cet "épisode méditerranéen de type cévenol", qui figure parmi les intempéries les plus meurtrières depuis une dizaine d'années, a fait au moins 11 morts : 6 à Trèbes, 2 à Villegailhenc, 1 à Villardonnel, 1 à Villalier et 1 à Carcassonne.
Il y a en outre huit blessés graves et deux personnes disparues.
Il est tombé en quelques heures l'équivalent de trois mois de pluie. En l'espace de 5 heures, entre 150 et 300 mm d'eau sont tombés sur l'agglomération de Carcassonne, selon Météo France. Au total, "près de 1.000 personnes ont été évacuées et environ 250 personnes sont toujours prises en charge dans les centres d'hébergements ouverts par certaines communes", selon la préfecture.
Comme à Coursan, commune de 6.000 habitants, près de Narbonne, traversée par l'Aude. Quelque 350 habitants de la rive gauche, le secteur le plus exposé, ont été prévenus des risques d'inondations par les élus et la police municipale et ont été évacués ou priés de gagner les étages avec téléphone portable, couvertures et de quoi s'alimenter
De nombreuses routes étant coupées, des habitants ont été secourus par hélitreuillage. Quatre communes ont été évacuées: Pezens, Trèbes, Villegailhenc et Villemoustaussou, selon la préfecture. A Pezens, les habitants ont pu regagner leur domicile.
Dans la salle des fêtes de Trèbes (Aude), une centaine de naufragés étaient lundi sous le choc, les yeux dans le vague, après avoir "tout perdu". "J'ai vu ma grand-mère dans son lit flotter sur l'eau", raconte Pierre, l'air hagard. Il ne sait toujours pas si cette femme grabataire de 97 ans a survécu.
Dans la région de Carcassonne, les champs sont inondés, plusieurs chaussées détruites ou impraticables avec des arbres tombés sur les routes. Des torrents d'eau boueuse enjambent la chaussée, les cours d'eau débordent. Des véhicules ont été emporté par les flots.
Le Premier ministre Edouard Philippe, arrivé en fin d'après-midi avec le ministre de la Transition écologique François de Rugy, a annoncé une "procédure de catastrophe naturelle accélérée".
Le président Emmanuel Macron, qui se rendra dans l'Aude "dès que possible" selon l'Elysée, a exprimé "l'émotion et la solidarité de toute la nation envers les victimes.
Au monastère orthodoxe de Villardonnel, où une religieuse a trouvé la mort, "les dégâts sont considérables. On leur a prêté des chaises pour qu'elles puissent manger à sec à midi", a expliqué Roselyne Navarro, membre du comité d'action sociale de la ville.