Cette année, les 68 établissements d'enseignement agricole d'Occitanie accueillent 21 000 élèves, lycéens et BTS. Au lycée Charlemagne de Carcassonne, les futurs agriculteurs apprennent des pratiques compatibles avec les changement de la société : notamment le bio, et les circuits courts.
Sous les serres du lycée Charlemagne de Carcassonne, les traits des visages sont encore tirés à cette heure matinale. Comme tous les jeudis matins, les 11 élèves de première de la section horticole sont à pied d'oeuvre : ils vont récolter leur production de la semaine. A cette saison, essentiellement des blettes et des salades.
Valentin Mines, 17 ans, est à la manoeuvre, il a été chargé de répartir le travail entre les lycéens. "Fiona et Orlane, vous vous chargerez des salades. Anthony, tu vas partir avec moi sur les blettes, vu que je sais les ramasser." Dans les parcelles de culture, ou sous les serres, chacun s'affaire. Valentin explique à son camarade comment procéder: "On vient prendre à la base les feuilles de blettes les plus grosses, tout en laissant le cœur pour ne pas tuer la plante. Comme ça elle peut continuer à pousser et on peut faire plusieurs récoltes."
Récolter la production de la semaine
Un peu plus loin, Orlane Brizet, 17 ans et originaire de Saint-Hilaire à quelques kilomètres de Carcassonne, s'occupe de récolter de superbes feuilles de chêne, attentive à chaque détail: "Il faut enlever tout ce qui est mort ou moisi pour un aspect plus joli. Je l’ai appris ici, je ne savais rien quand je suis arrivée: j’ai tout appris au lycée !"
Les élèves prennent au sérieux ce travail, car leur récolte du jour doit alimenter le petit marché de primeur, organisé chaque jeudi pendant la pause de midi, dans l'enceinte du lycée. Et réservé à l'usage des professeurs et du personnel.
Après la récolte, vient donc le temps de la préparation. Autour d'une table, les lycéens composent les paniers en respectant les commandes effectuées dans la semaine par les acheteurs. Fiona Alcantara a 18 ans et est originaire du petit village de Fa dans les Corbières. Son père est oléiculteur et elle-même souhaiterait devenir maraîchère. Elle ne cache pas sa fierté: "C’est le fruit de notre travail. Si on peut mettre ce système en place, c’est qu’on travaille bien et qu’on fait de beaux légumes !"
Mais l'activité est aussi et avant tout un exercice, concret et utile pour ces jeunes qui deviendront peut-être agriculteurs. Lena Loyal, 18 ans et originaire de Carcassonne, souhaiterait monter son entreprise de maraîchage une fois sortie du lycée. Elle vit ce petit marché comme un entraînement pour sa future vie professionnelle :
Ca nous apprend à faire des commandes, à gérer les stocks, à gérer l’argent aussi ! Moi je veux devenir horticultrice, donc si je veux vendre ce que j’ai fait pousser plus tard, ça me servira. Sans le lycée, je ne saurais pas comment m’y prendre
Juste avant midi, la sonnerie du lycée retentit. Deux élèves ont été désignés pour vendre la production au marché. Ce jour-là, une petite dizaine de professeurs ou de membres du personnel du lycée ont fait une commande et viennent la récupérer. Parmi eux, Richard Ribaut, enseignant en aménagement paysager:
Je suis enseignant au lycée, je trouve bien de valoriser le travail de nos étudiants, leurs productions.
Apprendre à trouver des débouchés, mais aussi à vendre, en mettant en exergue les qualités de ses produits, les lycéens l'apprennent aussi en classe. Marc Sicre est professeur de commerce. Il dispense une à deux heures de cours théoriques chaque semaine aux élèves de la section horticole : des notions générales sur le commerce ou les techniques de vente. Mais il leur apporte aussi des connaissances concrètes sur l'aménagement d'un point de vente par exemple : "Souvent, les adolescents viennent ici en se disant qu'ils vont travailler dans la production, mais ils n'imaginent pas avoir ce débouché là, lié à la commercialisation. J'essaie de leur ouvrir des portes, en leur disant qu'au terme de leur cursus, ils pourront aussi travailler dans les métiers de la vente."
32 heures de cours par semaine
Chaque semaine, les élèves de la section horticole ont 32 heures de cours. Seules 5 d'entre elles se déroulent en extérieur, le reste du programme est composé de cours théoriques. Un ratio qui a surpris quelques élèves, comme Anthony Estivinn. Originaire de Cuxac-Cabardès, au Nord de Carcassonne, ce jeune de 17 ans pensait passer plus de temps en extérieur quand il s'est inscrit au lycée agricole: "Je pensais qu’on allait être beaucoup plus dehors qu’en salle. Je trouve qu'on apprend mieux dehors. Mais c'est bien d'être en classe aussi".
Fiona, elle, n'a pas été surprise. Avec son père oléiculteur, elle mesure la complexité du métier auquel elle se destine et accepte donc les heures de classes sans rechigner :
On apprend tout ce que l'on a besoin de savoir pour travailler plus tard dans le domaine de l'agriculture. Ca fait beaucoup de choses à apprendre. Faut que ça plaise, si ça plait, c'est simple !
Les élèves sont de plus en plus curieux vis-à-vis des techniques alternatives : le bio et même d’autres techniques comme la permaculture, l’aquaponie ou l’aquaculture.
Il y a dix ans, on n'abordait pas la notion du bio ou beaucoup moins. Aujourd’hui, le bio apparaît dans toutes les formations. On accentue vraiment sur des productions plus respectueuses de l’environnement.
Quels sont les visages de l’agriculture d’aujourd’hui ? Pour les découvrir, cliquez sur un point, zoomez sur le territoire qui vous intéresse ou chercher la commune de votre choix avec la petite loupe. Bonnes balades au cœur du monde paysan.