Dans l’Aude, l’avenir des eaux d’Alet-les-Bains divise le village

Douze ans après sa fermeture, un nouveau projet d’usine d’embouteillage voit le jour à Alet-les-Bains à quelques kilomètres de Limoux dans l'Aude. Un projet de 26 millions d’euros qui se heurte à l’opposition farouche d’une association locale.

 

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C’est un petit village situé aux portes de Limoux. Traversé par l’Aude, son architecture médiévale et ses vingt-et-un monuments classés lui donnent son aspect pittoresque. Le destin d’Alet-les-Bains aurait pu être scellé le 22 janvier 1886 lorsqu’un décret ministériel classe ses sources "bien national". 

Car le village s’est construit sur un trésor : une eau minérale d’une rare qualité, riche en magnésium. La réserve serait aussi grande que le lac Léman : 70 milliards de m3 au total. Alet-les-Bains aurait dû vivre éternellement de son eau, et ce fut le cas jusqu’en 2009. Depuis, son destin ne cesse d’être contrarié.

Des thermes et une source d'eau minérale à grande capacité

Toute l’image du village d’Alet-les-Bains s’est construite sur son eau. Avec le thermalisme, l’eau minérale et le sport en eau vive, nos bouteilles d’eau étaient la carte postale du village, elles nous faisaient connaître régionalement et même bien au-delà.

Ghislaine Tafforeau, maire d'Alet-les-Bains

Aujourd’hui, ce trésor se perd chaque jour dans la rivière : 25 000 litres par heure s’y déversent en continu. Et personne pour l’exploiter, depuis la fermeture de l’usine en 2009 ! Mais les ennuis avaient démarré des années plus tôt.L’industriel et ancien président du Toulouse Football Club, Olivier Sadran, était alors propriétaire de l’usine. Mais pour se développer, l’usine était contrainte de déménager et de s’agrandir. Démarrait alors un véritable bras de fer contre "Avenir d’Alet". L’association, constituée par des habitants remettant en cause le développement économique du village, s’est opposée au permis de construire car la nouvelle unité d’embouteillage aurait été construite dans le périmètre de bâtiments historiques. 

Un argument fondé puisque le permis de construire de la future usine est annulé malgré le soutien de la mairie et de l’Etat. Olivier Sadran abandonne donc le projet et vend l’usine. C’est la scission au sein du village : Le président d’"Avenir d’Alet" et les membres de l'association sont les cibles d’actes de vandalismes répétés :  jardin saccagé, insultes peintes sur la maison, pneus crevés en série…

L’association, de son côté, s’oppose au conseil municipal par voie judiciaire. Depuis, la situation ne cesse de se dégrader.

Un trésor, des plaintes et des emplois perdus

Une société landaise rachète l’usine en 2010 mais elle est contrainte d’abandonner devant l’opposition systématique d’"Avenir d’Alet" qui multiplie les plaintes à son encontre. L’usine est placée en redressement judiciaire en novembre 2010 et une vingtaine d’employés perdent leur emploi. 

En 2013, l''offre apparemmente sérieuse d’un investisseur dubaïote s’avère être... une escroquerie ! Il faut alors attendre mai 2018 pour signer un accord sérieux avec le groupe K&B. 

Nous avons signé un contrat de vente d’eau avec ce groupe luxembourgeois avec qui nous étions en relation depuis 3 ans, un contrat suspendu à la construction d’une unité d’embouteillage. Mais à ce jour, nous n’avons reçu aucune demande de permis de construire, la décision étant suspendue au verdict du tribunal administratif

Ghislaine Tafforeau, maire d’Alet-les-Bains

Les opposants, justiciers de l'environnement ?

"Avenir d’Alet" a en effet déposé un nouveau recours en justice à Montpellier, avançant cette fois des arguments écologiques. Le projet  est donc aujourd’hui suspendu à la décision du tribunal administratif.

A terme, 26 millions d’euros devraient être investis et 100 000 à 150 000 bouteilles d’1,5 litre devraient sortir chaque année de cette usine. Un projet soutenu par la majorité des habitants et leur maire actuelle qui souligne : “On espère que ce contrat pourra être validé. Après, resteront les autres aspects avec les demandes de permis et d’autorisations administratives, en espérant qu'aucun autre recours ne ressurgisse.”

Le tribunal administratif de Montpellier devrait statuer d’ici la fin de l’année 2020.
 
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