Si certaines communes des Alpes-Maritimes ouvrent actuellement la vaccination à tous les adultes de plus de 18 ans, à Quillan, dans l'Aude, le maire a lui aussi tenté de l'élargir. Une décision immédiatement interdite par les services de l'Etat, pourquoi ?
Le vaccin contre la Covid-19 : un précieux sésame réservé pour l'instant aux plus de 55 ans, à certaines professions dites plus exposées à la contamination et aux personnes souffrant de comorbidités particulières. Enfin officiellement.
Des exceptions dans certaines communes
Certaines communes permettent depuis plusieurs semaines à des habitants "hors de ces critères" imposés par le gouvernement, d'accéder à la vaccination. C'est le cas de Cannes, Nice ou encore Mandelieu-la-Napoule, trois communes des Alpes-Maritimes.
Dans l'Aude, mercredi 28 avril dernier, le maire de Quillan, Pierre Castel, a lui aussi souhaité élargir la vaccination sur sa commune. Une annonce faite via le compte Facebook de la commune dans un post intitulé "vaccination ouverte sans limite d'âge".
Dans cette publication, la ville de Quillan lève l'ordre prioritaire pour vacciner toute personne qui le souhaite.
Une annonce démentie dès le lendemain par l'Agence Régionale de Santé et la préfecture de l'Aude. Dans un communiqué intitulé "le centre de vaccination de Quillan respecte les critères de priorisation en vigueur dans chaque territoire", les services de l'Etat rejettent la "suppression des critères de priorisation pour la vaccination au centre de Quillan".
Mais alors pourquoi ces disparités d'application du protocole de vaccination entre les différents territoires ?
Des publics prioritaires
En réalité, si l'on y regarde de plus près, les règles sont les mêmes pour tous, c'est uniquement l'usage de certains termes qui diffèrent et permettent ainsi à certaines communes de vacciner tous les adultes de plus de 18 ans.
En effet, le Ministère des Solidarités et de la Santé contacté par téléphone, explique "qu'il est essentiel de suivre l’ordre des publics prioritaires".
Agir dans le cas contraire, c’est créer une situation risquée où des doses sont manquantes pour les personnes qui sont les plus à risque de développer une forme grave de la maladie et qui ont donc droit aujourd’hui à la vaccination contre la COVID-19, parce qu’elles font partie des personnes les plus vulnérables.
Pour ne perdre aucune dose, "il est autorisé de vacciner des personnes hors de la cible vaccinale"
Mais il est toutefois précisé que "concernant les doses surnuméraires, il convient de rappeler qu’il est demandé aux médecins, aux infirmiers et aux pharmaciens de ville, comme aux effecteurs en centre de vaccination, de veiller à ne pas perdre de doses. De ce fait, s’il n’est pas possible d’utiliser certaines doses au sein des populations éligibles, il est autorisé de vacciner des personnes hors de la cible vaccinale".
Ainsi les doses dites "surnuméraires" peuvent être injectées aux habitants non-prioritaires. C'est ce principe qu'utilisent les trois communes des Alpes-Maritimes pour élargir la vaccination à tous. Un principe confirmé par Véronique Borré, directrice de l'Agence de sécurité sanitaire de la métropole Nice Côte d'Azur.
Nous assumons de ne perdre aucune dose et d'utiliser toutes celles dont nous disposons !
Elle précise "Nous prenons en priorité les personnes de la 1ère ligne : forces de l'ordre, soignants, professionnels au contact du public. Et au-delà lorsqu'il reste des doses. Un exemple : ce vendredi, à 19h30 il restait une dose ; nous sommes restés jusqu'à 20h30 pour trouver quelqu'un à qui l’administrer".
Du côté de Quillan, c'est la suppression des critères de priorisation qui a été rejetée. En effet, si les communes des Alpes-Maritimes offrent la vaccination à tous les adultes, dans les faits, les publics prioritaires le restent. Alors énième instrumentalisation politique de cette crise sanitaire ?