Au sein d'une même région, les taux de vaccination sont de 20 à 27% selon les départements et les délais d'attente selon l'âge peuvent variés du simple au double. Comment expliquer de telles disparités dans les centres de vaccination en région Sud-Paca.
D'un bout à l'autre de la région, se faire vacciner peut s'avérer être un parcours du combattant comme être une simple formalité avec un rendez-vous dès le lendemain qu'importe les critères de l'Etat.
Taux de vaccination
20% pour le département du Vaucluse, 23% pour les Bouches-du-Rhône contre 27% pour les Alpes-Maritimes au 24 avril. Un taux parmi les plus importants de France.
Age, délais et priorité
Alors qu'à Toulon, Marseille et plus généralement partout en France, la vaccination est ouverte aux plus de 55 ans ainsi qu'aux plus de 50 ans présentant une comorbidité ou professionnels de santé et intervenants d'établissements médicaux, pompiers et aides à domicile.
A Nice et dans sa métropole, où plus de 155 000 personnes ont reçu une première dose, on croise des personnes de tous âges dans la file vers le précieux liquide. Une commerçante de 51 ans, témoigne : "je suis très contente, la vaccination devrait être ouverte pour tout le monde".
Nous avons donc effectué un test : il est même possible d'obtenir un rendez-vous immédiatement pour une personne de moins de 30 ans, présentant une légère commorbidité. Des vaccins délivrés hors-critères de l'Etat.
A ces observations, la métropole répondait à demi-mot à ce jeudi 22 avril : "Aujourd'hui, on est sur un volet entre 16 000 et 18 000 injections par semaine, on avait commencé à 500. Nous n'avons pas la maîtrise des doses qui arrivent quand on les reçoit, on les administre dans la foulée" indique, Véronique Borré directrice de l'agence de sécurité sanitaire de la métropole Nice Côte d'Azur. Le maire de Nice aimerait même ouvrir la vaccination à tous les actifs.
Christian Estrosi : «Ouvrons la vaccination à tous les actifs»
— Le Parisien Politique (@leParisien_pol) April 23, 2021
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Interrogé jeudi 22 avril, lors d'une vaccination marathon, Romain Ginetet, directeur opérationnel de l’Agence de sécurité sanitaire environnementale et de gestion des risques, va plus loin et affiche les ambitions de la métropole.
"On est en discussion avec le gouvernement pour élargir les cibles puisqu’on est en avance. On aimerait vacciner tous les restaurateurs, profiter du fait que les restaurants soient fermés et que ces derniers ont le temps d’être vaccinés".
Au niveau national, près de 20% de la population totale a reçu au moins une première injection, 8% une deuxième dose au 23 avril. C'est bien plus dans les Alpes-Maritimes.
Des dotations plus importantes ?
En Mars dernier, à Cannes, le maire David Lisnard avait pris les devants pour faire vacciner les 50 et plus. Il s'était fait retoquer par le ministre de la Santé, Olivier Véran.
Ce à quoi David Lisnard répondait dans l'émission dimanche en politique du 28 mars, sur notre antenne.
"Ce que nous faisons, nous le faisons en respectant les critères de l'Etat, sur la base des doses affectées par l'Etat et l'ARS. Les affectations se font sur les critères démographiques. On vaccine les volontaires. C'est l'Etat qui transfère ces doses par commune (...) il n'y a pas besoin d'accord de l'ARS, puisqu'on respecte les critères"
Aujourd'hui, la problématique est toujours la même, des maires qui vaccinent hors des critères donnés par le gouvernement à un point près, les effets d'annonces de ces maires ont disparu.
Flou de l'ARS
Joint ce jour, l'Agence régionale de Santé n'a pas répondu à nos sollicitations. En mars dernier, Romain Alexandre, délégué départemental expliquait :
Les centres de vaccination reçoivent des dotations de vaccins. S'il reste des doses, il faut vacciner, vacciner... Les doses sont calculées à partir de la répartition de la population.
Cette dotation exceptionnelle pourrait s'expliquer par l'âge de la population. "Avec un pourcentage de 12,5% d’habitants de plus de 75 ans, contre 9 au niveau national, nous sommes le département le plus concerné" peut-on lire sur la site de la ville de Nice.
Mais aussi, des engagements de l'Etat lorsqu'en février dernier, le taux d'incidence flambait dans les Alpes-Maritimes, le gouvernement avait alloué au département des milliers de doses supplémentaires.
"Nous avons des instances, un ministère de la Santé, qui a écouté la pression en fournissant plus de doses à un territoire lorsque nous en avion besoin" avait déclaré Ladislas Polski, maire de La Trinité.
Mais, même avec ces différents facteurs, l'écart de taux de vaccination et les différences d'éligibilité restent difficilement explicables.
Match Nice - Marseille
Alors qu'à Marseille, la 100 000e dose vient d'être injectée ce 23 avril, à Nice ce chiffre a été dépassé le 2 avril dernier. Pourtant, Marseille compte deux fois plus d'habitants.
? Germaine, 80 ans, vient de recevoir le 100 000eme vaccin #COVID19 de Marseille !
— Benoît Payan (@BenoitPayan) April 23, 2021
Fierté de pouvoir prendre soin des Marseillaises et des Marseillais.
Bravo à tous les soignants, nos Marins-Pompiers, les agents de la Ville et les acteurs de cette superbe mobilisation ! pic.twitter.com/4KkNvG2Ken
Chaque ville se targue d'avoir le plus grand vaccinodrome de France. Marseille avec le stade Orange Vélodrome, Nice et le Palais des Expositions. A Marseille "4 200 doses par jour peuvent être distribuées dans les centres municipaux de la Ville" communique la ville. Tandis qu'à Nice, le 9 avril dernier, 5 000 personnes avaient reçu une dose dans le seul Palais des Expositions.
Une longueur d'avance donc pour les Alpes-Maritimes et sa préfecture qui espèrent bien creuser encore l'écart et notamment rouvrir en premier leurs restaurants et lieux culturels.