Le troisième plan autisme (2013 - 2017) a permis la création d'UEMA, une par département. A Carcassonne, cette unité d'enseignement maternelle pour enfants autistes accueille sept enfants et les prépare à l'école. Cette classe réservée a ouvert en septembre 2018.
Pour Houzaïmi, Kenji, Naïmi, Noa, Jules et les autres, toutes les journées commencent de la même manière: Manon Lefèvre, leur institutrice, accroche leur regard et leur dit "bonjour".
Le rituel de l'accueil sert à établir une transition douce entre la maison et l'école. Chacun des sept petits élèves va ensuite découvrir l'emploi du temps du jour, à travers des pictogrammes et des photos.
Chaque jour, entre sept et huit profesionnels s'occupent des enfants : enseignante, éducateurs, psychologue, psychomotricienne ou orthophoniste.Ces enfants ne parlent pas, ne peuvent pas communiquer, donc c'est justement à travers des pictogrammes qu'ils peuvent demander ce qu'ils veulent.
Les activités sont courtes, pour ne pas lasser les enfants dont la concentration est parfois limitée.
Même les plus anodines en apparence ont une visée pédagogique. Et un objectif adapté pour chaque enfant.
Travailler la relation aux autres
Une simple ronde accompagnant une comptine par exemple met les enfants en contact les uns avec les autres. Cela se passe progressivement, explique la psychologue Nathalie Rousseau-Merou : les enfants autistes ont besoin de temps pour toucher les autres.
Les temps collectifs cèdent régulièrement la place à des moments plus individualisés.On va d'abord simplement demander à l'enfant de participer à la ronde en se mettant au milieu et on va à terme lui demander de donner la main à un autre enfant.
Ce matin-là, Noa et Jules sont attendus pour participer à la séance de gym avec les autres élèves de l'école maternelle.
Car la classe spécialisée est intégrée à une école maternelle "ordinaire" et les enfants partagent quotidiennement des moments avec leurs camarades.
Pour Bakha Braiki, directrice du pôle "instituts médico-éducatifs" à l'Association pour adultes et jeunes handicapés-Aude, cette inclusion scolaire est l'objectif ultime.
Des progrès à la maison aussi
Certains enfants, après leur passage dans cette classe spécialisée, pourront ainsi continuer leur scolarité dans le système classique. Mais déjà, à la maison, les parents constatent les progrès réalisés par leurs petits, comme Rodrigue Bonalaire, papa de Kenji.
Créées en 2014, le premier bilan de ces classes spécialisées est très positif.Auparavant, Kenji ne voulait rien prendre de lui-même, il venait nous chercher. Maintenant, il va chercher lui-même des choses dans le frigo, ce qu'il ne faisait pas avant.
54% des élèves autistes qui y passent intègrent une école élémentaire odrinaire à l'issue de leur maternelle spécialisée.
Reportage d'Alexandre Grellier et Frédéric Guibal
L'autisme en quelques chiffres :
La seule forme clinique désormais retenue est le Trouble du spectre autistique (TSA). Celui-ci peut s’exprimer d’autant de façon différentes qu’il y a d’enfants atteints de TSA.La dernière estimation (source Insee 2006) du nombre de personnes autistes (enfants et adultes) ou présentant un trouble envahissant du développement en Languedoc-Roussillon sur la base d’un taux de prévalence de 27,3 pour 10 000 : soit 5 200 autistes.
Chaque année, 7 500 enfants naissent atteints de TSA en France.
Concernant les données épidémiologiques, le taux de prévalence de l’autisme en France est de 1 naissance sur 100 (Fombonne, 2012), avec une fréquence plus élevée de cas d’autisme chez les hommes que chez les femmes (4 garçons pour 1 fille).
Source : Centre Ressources Autisme Languedoc Roussillon (CRA-LR)