C'est un miracle ! Il n'y a aucune victime à la maison de retraite de Saint-Hilaire. Pourtant, les chambres ont été noyées sous 80 centimètres d'eau. La cinquantaine de résidents en forte perte d'autonomie, est saine et sauve.
Dans la nuit du dimanche 14 au lundi 15 octobre, entre Carcassonne et Limoux, le Lauquet, affluent de l'Aude est en furie à Saint Hilaire, petit village de 800 âmes. Une vague gigantesque passe au dessus du pont. Du jamais vu depuis le début du 19ème siècle, parole d'ancien.
Une vague gigantesque
Le village prend l'eau. A la maison de retraite, les résidents, une cinquantaine, en forte perte d'autonomie, dorment. L'alerte est donnée par Sylvie, aide soignante et Martine, agent de service, de permanence cette nuit-là.
70-80 cm d'eau dans les chambres
Mais, il fait encore nuit noire et l'électricité ne fonctionne plus. L'eau monte vite, très vite. Elle va atteindre 70-80 cm dans les chambres, toutes au rez-de-chaussée.
Dès qu'elles le peuvent, Sylvie et Martine, rejointe par Stéphanie Basse, directrice adjointe qui habite juste à côté., partent au secours des résidents. "Avec des lampes torches, on a pu rentrer, ouvrir les chambres pour que l'eau s'évacue autant que possible.".
Ils ont été très courageux, sont restés très calmes et très à l'écoute
"Certains résidents étaient complètement apeurés puisqu'ils étaient immergés d'eau dans leur lit. Nous avons pu les mettre dans des fauteuils pour les surélever." Stéphanie Basse salue le courage des résidents."Ils ont été très courageux, sont restés très calmes et très à l'écoute. Ils ont dû patienter dans le noir, dans leur chambre, de longues minutes."
Lorsqu'on a sû que l'eau passait par dessus le pont, on en a déduit que les dégâts allaient être très importants
Les pompiers ont été appelés mais sont gênés dans leur progression. " On a d'abord été appelé pour un mobil home emporté par la crue sur les hauteurs du village. Lorsqu'on a sû que l'eau passait par dessus le pont, on en a déduit que les dégâts allaient être très importants," explique Guy Meystre, commandant du SDIS de l'Aude, habitué aux inondations.
De l'eau par-dessus le pont
Mais impossible de passer le pont. Les pompiers vont devoir attendre le début de la décrue pour approcher de la maison de retraite. Il est alors 8h. L'évacuation des résidents peut commencer. Elle va durer jusqu'à 15h. "Il n'y a pas de victimes et c'est un miracle," assure Jean Brizon, directeur du centre hospitalier de Limoux et de l'EHPAD de Saint Hilaire.
Il y a des dégâts mais il n'y a pas de mort, c'est ce qui nous réconforte
Les résidents ont été relogés dans plusieurs structures à Limoux. Depuis lundi, les familles viennent récupérer ce qu'ils peuvent. Les biens personnels, vêtements lorsqu'ils sont encore utilisables, des photos ou des objets précieux, souvenirs de toute une vie. "Elle l'a très mal vécu. Mais maintenant, elle est en lieu sûr à Limoux. On lui a remonté un peu le moral et ça va mieux. Il y a des dégâts mais il n'y a pas de mort, c'est ce qui nous réconforte," soupire le neveu d'une résidente, dans sa chambre complètement dévastée.
Des salariés solidaires et sinistrés
Depuis lundi, pompiers de l'Aude, mais aussi de l'Ariège ou du Gers, sont à pied d'oeuvre pour vider l'eau et nettoyer. Des membres de la protection civile, de la sécurité civile, des bénévoles et des agents de la maison de retraite déblaient. Des agents solidaires alors qu'une dizaine d'entre eux sont aussi des sinistrés dans le village.
On en a fait des fêtes ici
"On en a fait des fêtes ici," regrette le cuisinier. "Grâce à la très bonne coordination des secours, nous allons essayer de redonner vie à cette structure," espère Jean Brizon.