Ils étaient 150 agriculteurs à faire entendre leur colère ce jeudi 2 juin devant les locaux de l'Office français de la biodiversité à Trèbes (Aude). Les viticulteurs sont venus soutenir deux de leurs collègues, soupçonnés par la police de l'environnement d'avoir utilisé des pesticides dans une zone fragile.
Les viticulteurs se sont données rendez-vous à 8h30 ce jeudi 02 juin, devant les locaux audois de l'Office français de la Biodiversité. Avant de prendre la direction de la D6113, la 2x2 voies qui relie Trèbes à Carcassonne. Les agriculteurs ont monté des barrages avec des pneus qu'ils ont enflammés, perturbant la circulation automobile. Car à neuf heures, deux de leurs confrères étaient convoqués par la police de l'environnement. Christophe Camus et son père sont soupçonnés d'avoir utilisé un herbicide à base de glyphosate à proximité d'un cours d'eau dans leurs vignes de Névian.
Le sujet est sensible. Les "zones non traitées aux abords des cours d'eau" ont été mises en place en 2017 par un arrêté ministériel. Ce sont des bandes de plusieurs mètres, de part et d'autres des ruisseaux, rivières et fleuves, où il est interdit de répandre un certain nombre de produits chimiques, afin de limiter l'écoulement de ceux-ci dans la nature par les cours d'eau.
La mise en place de cette disposition avait été houleuse dans l'Aude. Car ce sont les préfectures départementales qui ont la charge de produire une cartographie de ces zones. La première version avait été attaquée en justice par des associations environnementales. Celles-ci jugeaient cette carte préfectorale pas assez restrictive. Et en novembre 2019, le Tribunal administratif de Montpellier avait effectivement condamné la préfecture audoise à revoir sa copie.
Une pression de plus pour les agriculteurs, qui estiment jouer le jeu :" Nous demandons une approche beaucoup plus pédagogique, plutôt que de la répression. Parce que voir des agents armés dans nos vignes, comme si on était des criminels, ce n'est pas possible," estime Frédéric Rouanet, le Président du Syndicat des vignerons de l'Aude, qui avait appelé à manifester.
Les deux viticulteurs étaient convoqués à 9h00, mais le rendez-vous n'a pas duré longtemps. Car l'OFB a refusé que les agriculteurs soient accompagnés de leur avocat. Une délégation du Syndicat des Vignerons de l'Aude et de la chambre d'agriculture de l'Aude a été reçue. Ils ont obtenu l'arrêt des contrôles pour cette année. Les inspecteurs de l'OFB annonceront désormais leur venue. Enfin, les agriculteurs convoqués pourront désormais être assistés d'un syndicaliste. Les manifestants ont levé le camp vers 11h30.