REPLAY - Municipales à Carcassonne : le débat du second tour avec Gérard Larrat, Tamara Rivel et Edgar Montagné

Face au maire sortant Gérard Larrat, deux listes défendront leurs couleurs à Carcassonne. Une liste écologique et de gauche, portée par Tamara Rivel et Xavier Bigot, et une liste Rassemblement National, conduite par Edgar Montagné. Une triangulaire qui rend incertaine l’issue du scrutin.
 

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Vendredi 19 juin, France 3 Occitanie proposait un débat avant le second tour des élections municipales en présence des trois candidats qualifiés pour Carcassonne : Gérard Larrat, Tamara Rivel et Edgar Montagné. Il était animé par Valérie Luxey.

Dès le début du débat, Tamara Rivel (liste écologie et gauche) interpelle le maire sortant : « Je suis gênée par l’attitude du maire de Carcassonne. On aurait aimé que le déconfinement démocratique puisse se faire de manière collégiale pour amener des solutions qui soient partagées. Nous avons proposé un fond de soutien pour les entreprises et les personnes en grandes difficultés dès le 6 avril. Il n’a été mis en place que ces derniers jours. Nous sommes quand même très proche de l’élection »…

Gérard Larrat se défend : « le maire n’a pas à rougir des actions qu’il a menées. Madame Rivel a un raccourci remarquable au niveau du temps. En réalité les décisions ont été prises immédiatement. Je suis le seul maire de France à avoir pris un plan de sortie de covid-19 qui porte sur 7 points ».

Edgar Montagné (RN) était contre la tenue du second le 28 juin : « les craintes sont toujours là. Il est très compliqué de garder le lien avec les électeurs : le téléphone, les réseaux sociaux ».

Le second tour

Tamara Rivel (PS) a le soutien d’EELV, du PC et des insoumis. En additionnant son score au 1er tour et celui de Xavier Bigot, elle reste encore deux points derrière Gérard Larrat. « Un élan a été exprimé sur ce premier tour. 70% des votants se sont exprimés pour le changement. Je suis la candidature du renouveau qui propose un devenir pour cette ville qui est dans l’immobilisme ».

Le candidat Rn assume pleinement sa position. « J’ai une réserve de voix bien sûr puisque notre électorat ne s’est pas forcément déplacé au 1er tour ».

Tourisme secteur clé de l’économie

Le maire sortant est pessimiste : « Nous allons rencontrer de vrais problèmes. La clientèle internationale ne sera sans doute pas au rendez-vous. Nous faisons une campagne de communication très intensive sur l’occitanie. Beaucoup de commerces vont beaucoup souffrir. Mais hélas, l’économie n’est pas de la compétence de la ville mais de l’agglomération et chacun fait  ce qu’il peut avec ses moyens ».

Edgar Montagné : « Nous dormons sur une pépite qui n’est pas exploité et depuis longtemps. Nous voulons créer un parc à thème ».

Tamara Rivel : « Sans économie touristique, il n’y a pas d’économie à Carcassonne. Tous les secteurs de l’économie n’ont pas été accompagnés, il y a un vrai travail. Et il y a un impératif : la mairie de Carcassonne doit travailler main dans la main avec les autres collectivités mais aussi les chambres consulaires et le mouvement associatif. Dès le 28 juin, il y aura une réunion de crise pour que l’on puisse apporter des solutions communes et partagées ».

Le lien entre la cité et le centre-ville

Comment faire venir les touristes de la cité au centre-ville de Carcassonne (Bastide) ?

Gérard Larrat a sa solution: « Je mettrais en place un transport passager gratuit qui donnera à la ville la compétence de transporter les gens. Transport public passager, c’est l’agglo : on paie. Transport privé c’est la ville : on ne paie pas ».

Edgar Montagné : « Il faut inciter les touristes à rester sur place. On n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Il faut une ville propre et sécurisée ».

Tamara Rivel : « Ce n’est pas l’insécurité qui empêche les touristes de découvrir la Bastide. Il y a eu une politique très positive de réfection des façades mais quand on pousse les portes l’habitat indigne et insalubre derrière est catastrophique. Il y  un vrai travail au cœur de ville à réaliser car les financements de l’Etat sont là. Mais ils n’ont pas avancé. Mais ça fait 25 ans que l’on entend parler de cette liaison cité – centre-ville ».

Taxe foncière

En 10 ans, Carcassonne a perdu 1700 habitants (2007-2017). Chacun a pour projet de faire baisser la taxe foncière mais pas dans les mêmes proportions.

Tamara Rivel : « Nous sommes aujourd’hui la ville la plus taxée de l’agglo. Les villes périphériques gagnent des habitants , le département gagne des habitants ».

Gérard Larrat : « Le problème est que Carcassonne investit pour l’ensemble des communes suburbaines lesquelles n’ayant pas à investir ont des taux relativement bas ».

 

Vous pouvez revoir le débat en cliquant dans le player ci-dessous.

Avec ses 47 365 habitants (chiffre INSEE de 2017, le dernier disponible), Carcassonne, ville-Préfecture, est la deuxième commune la plus peuplée de l’Aude, dépassée depuis plusieurs années par Narbonne, la sous-Préfecture. Entre 2007 et 2017, les chiffres de l’INSEE montrent un solde négatif de 1700 habitants.

Sept listes s’affrontaient au premier tour des élections municipales le 15 mars dernier. Quatre listes ayant réuni plis de 10% des suffrages étaient donc en position de se maintenir. Et une seule en capacité de fusionner (plus de 5%des voix sont nécessaires), la liste « Priorité Carcassonne ». Mais, la tête de liste Jean-Noël Crouzet a préféré se retirer, après avoir appelé à la constitution d’une liste unique pour le second tour, offre restée lettre morte. 

Du coup, après fusion de deux listes entre les deux tours, trois candidats s’affrontent.

Trois listes en lice

Le maire Gérard Larrat (liste « Pour Carcassonne avec Gérard Larrat », liste classée divers droite  par le ministère de l’intérieur) a reconduit la même liste qu’au premier tour. 

A gauche, la liste menée par la socialiste Tamara Rivel (« Une énergie nouvelle pour Carcassonne », liste socialiste) a fusionné avec la liste conduite par Xavier Bigot ( « Carcassonne citoyenne, écologique et sociale », liste divers gauche). 

Enfin, Edgar Montagné le candidat de la liste « Rassemblons Carcassonne » défendra les couleurs du Rassemblement National.

Quelles réserves de voix ?

L’addition des résultats du premier tour de Mme Rivel et M. Bigot les situe légèrement au-dessus des 30%. La situation peut paraître favorable au maire sortant Gérard Larrat, fort des 32,80% de voix réunies le soir du 15 mars.

Mais plusieurs inconnues pourraient changer la donne. D’abord, comment vont se comporter les électeurs des candidats non qualifiés pour ce second tour ? Autrement dit, ceux qui avaient choisi Christine Pujol, (Liste « L’autre Choix », classée « divers » par le ministère de l’intérieur, 4,47% ), Jean-Noël Crouzet (Liste « Priorité Carcassonne », classée elle aussi « divers », 8,15%) , ou Marie-Hélène Régnier.

Christine Pujol a longtemps été membre du Parti Socialiste, avant de s’en éloigner courant 2019. Jean-Noël Crouzet, quant à lui  était le directeur général des services de l’ancien maire socialiste (de 2009 à 2014) de Carcassonne Jean-Claude Pérez, aujourd’hui fâché avec son parti d’origine. La liste LREM (liste « Unis pour Carcassonne », 7,83%% le 15 mars) ne soutiendra personne pour ce second tour. Dans un communiqué daté du 18 juin, la tête de liste, Marie-Hélène Régnier appelle toute de même ses sympathisants et électeurs du premier tour  à "ne pas donner les clés de la ville aux extrêmes qui savent crier leur haine et s'agiter, mais  qui sont peu à même de réfléchir à des solutions constructives". Vers qui les électeurs de ces trois listes (plus de 2200 voix sur les 29 740 inscrits ) se tourneront-ils au second tour ? Difficile de le prévoir. 

Autre inconnue, la participation pour ce second tour, alors que la peur de l’épidémie de coronavirus avait, semble-t-il, découragé une partie des électeurs le 15 mars dernier. L’abstention était supérieure à 59%, une première pour une élection municipale à Carcassonne (le taux d’abstention était de 36% en 2014). Une mobilisation plus massive des électeurs le 28 juin pourrait changer la donne. Mais pas facile de les mobiliser dans cette campagne marquée par l’’interdiction des rassemblements et la limitation des contacts, en raison, bien sûr du respect des gestes barrières.

 

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