"On se sent abandonnés, on est à bout" : arrêts maladie en cascade chez les policiers du commissariat de Carcassonne

Une majorité de policiers de la brigade de jour est en arrêt maladie depuis la semaine dernière. Après les attentats terrroristes,  les inondations, les gilets jaunes, la  Covid, et l'escalade de la violence, le refus d'un nouveau cycle de travail est la goutte qui a fait déborder le vase.

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Depuis la semaine dernière les arrêts maladie s'empilent sur le bureau de leur supérieur hiérarchique. Une majorité de policiers de la brigade de jour du commissariat de Carcassonne a déserté les services. Entre les attaques terroristes qui ont choqué les policiers audois, les inondations ensuite, une année de manifestations de gilets jaunes, les agressions de plus en plus violentes au quotidien, le dénigrement et les attaques de la classe politique jusqu'à dernièrement les propos stigmatisants du chef de l'Etat, les policiers craquent et les arrêts-maladie pleuvent. 

"Qu'ils soient nouveaux ou proches de la retraite, le mouvement est général chez les collègues, note Joseph*, policier à Carcassonne. On ne peut plus faire notre travail dans de bonnes conditions. On se sent épiés. On est fatigués".

La coupe est pleine

"La refonte du cycle de travail qui leur a été refusée a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", soupire David Leyraud, secrétaire régional adjoint du syndicat de police Alliance. Les policiers audois ont en effet demandé des changements dans l'organisation. "Ils demandent à être de repos un week-end sur deux et non plus un sur six. Cela leur premettrait de se ressourcer, de lâcher prise, et d'avoir une vie de famille pour mieux supporter la pression au quotidien, mais cela leur a été refusé", note David Leyraud.

Flux tendu

"Le problème dans des petites circonscriptions comme Narbonne ou Carcassonne c'est que nous sommes toujours à flux tendu, nous avons moins de renforts que dans des grandes villes et on est obligés de faire avec les moyens du bord. La fatigue accumulée peut nous priver de notre discernement", ajoute le policier qui témoigne de manière anonyme.

"Nous ne sommes pas contre cette nouvelle organisation, rétorque le commissaire Guillaume Carabin, adjoint au Directeur Départemental de la Sécurité Publique de l'Aude. Le problème est qu'il est impossible à mettre en place car nous n'avons pas les effectifs suffisants. Il faudrait surtout que les unités de jour et les unités de nuit soient d'accord, or ce n'est pas le cas.

Le projet de réorganisation a été soumis à la direction centrale à Paris et elle ne le mettra en place que si les équipes de nuit y adhèrent, ce qui n'est pour l'instant pas le cas.

Commissaire Guillaume Carabin, adjoint au DDSP de l'Aude

 

"Nous avons proposé une organisation qui satisfait les équipes de jour et les équipes de nuit, mais nous n'avons pas eu de nouvelles de la direction", assure David Leyraud, du syndicat de police Alliance.

Abandonnés

Les propos du président sur les "violences policières" et les "contrôles au faciès" avaient poussé les policiers à manifester partout en France.

Ils éprouvent un sentiment d'abandon. " C'est compliqué de trouver notre place lorsque l'on est stigmatisé par le président de la République, abandonnés par notre hiérarchie, et que les agressions se multiplient  dans certains quartiers sans réponse pénale forte. La violence envers nous les policiers et les pompiers est devenue banale, et c'est insupportable.

Lorsqu'on arrête quelqu'un à plusieurs reprises, qu'il ressort libre du tribunal et qu'il nous nargue, c'est dur à accepter.

Témoignage d'un policier

Au lendemain de l'entretien exclusif accordé par Emmanuel Macron à la communauté de Brut, les syndicats de police Alliance et Unité SGP-Police-FO avaient appelé à cesser les contrôles d'identité.

De plus en plus demandent des congés sans solde en espérant se réorienter dans d'autres voies. Ils veulent changer de métier. A Grenoble, plus d'une centaine a même menacé de rendre l'uniforme.

*le prénom a été modifié.

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