Faux contrôles d'identité, distribution d'attestations pré-remplies, enterrement du code de procédure pénale : le syndicat Alliance Police Nationale mène ce vendredi une vingtaine d'opérations en Occitanie, en réaction aux propos tenus par le chef de l'État dans une interview au média Brut.
"Les paroles du président de la République nous ont profondément heurtées." Vendredi dernier, le représentant départemental Alliance Police Nationale en Lozère Stéphane Cellier a suivi l'interview d'Emmanuel Macron accordée au média Brut.
Interrogé sur les faits de violences policières ces dernières semaines, le chef de l'État n'a pas mâché ses mots pour décrire l'action des policiers notamment lors des contrôles routiniers d'identité. "Aujourd’hui, quand on a une couleur de peau qui n’est pas blanche, on est beaucoup plus contrôlé (…). On est identifié comme un facteur de problème et c’est insoutenable", a-t-il déclaré.
Pour le syndicat de police, ces mots ne passent pas. "Le président de la République jette de l'huile sur le feu : il dit que les policiers font des contrôles au faciès et qu'ils sont racistes ! Nous sommes le paillasson de la société : dès qu'il se passe quelque chose, c'est forcément de notre faute. Nous n'avons ni respect ni considération", fulmine Stéphane Cellier.
De premières actions ont été organisées jeudi en fin de journée en Lozère pour dénoncer le mal-être policier et sensibiliser la population aux conditions de travail de la profession. La police a réalisé de faux contrôles routiers pour entamer une discussion avec les usagers de la route. "L'opération a été très bien accueillie par la population", affirme le syndicaliste.
Un rassemblement statique, avec prises de parole, se tient ce vendredi à midi devant le commissariat de police de Mende. Alliance Police Nationale espère réunir une vingtaine de fonctionnaires sur les 80 que comptent le département.
Mobilisation policière partout en Occitanie
Il n'y a pas qu'en Lozère que la colère policière se fait entendre. Ce vendredi, une vingtaine d'opérations symboliques doivent être organisées dans les 13 départements de la région Occitanie.
De faux contrôles policiers seront opérés tout au long de l'après-midi, notamment sur les grands axes routiers. Les forces de l'ordre seront par exemple présentes au niveau de la sortie 42 de l'autoroute A9 (Perpignan Sud), mais aussi du périphérique de Toulouse ou encore de la frontière espagnole. En fin de journée, une action se tiendra également à l'aéroport de Toulouse.
Comme à Mende jeudi, nous allons arrêter les automobilistes non pas pour les contrôler, mais pour leur souhaiter un bon week-end et leur dire d'être prudents sur la route.
Philippe Lavenu ne digère pas "l'opprobe jeté par le gouvernement sur la police" et la remise en question de "l'objectivité des contrôles d'identités", menés par les fonctionnaires de police dans le cadre de l'article 78-2 du code de procédure pénale. "À Albi aujourd'hui, le code de procédure pénal et son article 78-2 seront symboliquement enterrés dans un cercueil. C'est une façon de dire que l'on ne peut pas exercer notre métier, car on ne nous fait pas confiance", décrit le syndicaliste.
Mardi dernier, des policiers toulousains s'étaient déjà réunis devant la préfecture pour exprimer leur ras-le-bol.
Des attestations pré-remplies à Montpellier, des bonbons à Nîmes
À Montpellier, deux mobilisations sont prévues : une première au niveau du rond-point du Zénith à 17 heures et une autre en gare de Montpellier Saint-Roch à 17h30. "L'idée, c'est de distribuer des tracts et de parler à la population. Nous donnerons symboliquement des attestations pré-remplies aux gens qui n'en ont pas", énumère Rémy Alonso, responsable syndical héraultais.
Le gouvernement nous lâche complètement, mais nous voulons montrer à nos concitoyens que la police n'est pas violente.
Dans le Gard, même mot d'ordre. "Nous allons distribuer des bonbons aux enfants dans les voitures pour montrer que le rôle de la police est de servir. Le président de la République joue un jeu dangereux en proférant de tels propos à notre encontre", regrette le syndicaliste gardois Franck Groux.
À Nîmes, seul le rond-point de la sortie d'autoroute Nîmes-Ouest sera investi par les policiers ce vendredi de 16 à 17 heures. Mais la semaine prochaine, prévient Franck Groux, la mobilisation pourrait prendre une ampleur plus importante. "L'action d'aujourd'hui n'est qu'une répétition. Si nous ne sommes pas entendus par le gouvernement d'ici là, nous sommes prêts à nous mobiliser sur trois ronds-points nîmois le 18 décembre prochain. Et en ce premier week-end de départs en vacances, ça peut faire du bruit."