L’ATMO Occitanie, en charge de la surveillance de la qualité de l’air, vient de publier un rapport sur les pesticides dans l’air ambiant en Occitanie. L’étude révèle que les concentrations de pesticides sont les plus importantes en Haute-Garonne et dans la partie viticole de l'Aude.
Il y en a partout, autour de nous et nous respirons quotidiennement. Que ce soit à la campagne ou en ville, impossible d'échapper aux pesticides présents dans l'atmosphère. C'est ce que révèle l'observatoire indépendant ATMO Occitanie dans son bilan annuel présenté le 9 octobre 2023.
Les produits phytosanitaires, qui font partie de la famille des pesticides, sont classés selon la nature de l’espèce nuisible ciblée. On distingue ainsi trois grandes familles : les fongicides, les herbicides, les insecticides.
En Occitanie, plus de 400 substances actives sont utilisées en agriculture conventionnelle et biologique. Si des seuils sanitaires existent pour les concentrations en pesticides dans les aliments et l’eau de consommation, ils ne sont, à ce jour, pas encore déterminés pour les pesticides présents dans l’air.
Des molécules de pesticides sont retrouvées dans les prélèvements d’air ambiant
Depuis 5 ans, l’association a installé sept capteurs à travers l'Occitanie.
Ces capteurs mesurent la quantité de pesticide dans l'air ambiant, afin d'avoir des mesures représentatives de l'exposition de fond de la population. Les mesures sont effectuées dans un environnement rural et urbain. Le Languedoc-Roussillon compte trois sites de prélèvements.
- Sur le territoire la CA de Carcassonne Agglomération. Le préleveur est positionné au centre d’un village, dans un lieu dégagé, ne se trouvant pas à proximité immédiate de parcelles viticoles.
- Dans la grande agglomération nîmoise, sur le territoire la CA de Nîmes Métropole. Le préleveur est placé sur un terrain technique municipal, dans un lieu dégagé et ne se trouvant pas à proximité immédiate de parcelles agricoles.
- Dans la plaine du Têt, sur le territoire de la CC Roussillon Conflent. Le préleveur est placé sur un terrain municipal, dans un lieu bien dégagé et ne se trouvant pas à proximité immédiate de parcelles agricoles.
Présence de pesticides dans l’atmosphère
La contamination de l’atmosphère par les pesticides s’effectue de trois manières différentes :
- Par dérive au moment des applications,
- Par volatilisation post-application à partir des sols et plantes traités,
- Par érosion éolienne sous forme adsorbée sur les poussières de sols traités.
Les concentrations dans l’air atteignent quelques dizaines de nanogramme par mètre cube. Les masses d’air peuvent transporter ces substances sur de longues distances selon la stabilité du produit, et exposer des surfaces dites « non-cibles » à la présence de pesticides.
Les sources d’exposition aux pesticides sont nombreuses
Les dernières analyses révèlent la présence de molécules de pesticides, comme le glyphosate, partout dans la région. Particulièrement en Haute-Garonne et dans la partie viticole de l'Aude, où la concentration annuelle s'élève à 211 et 173 nanogrammes par m3 d'air. Rien d'exceptionnel selon l'observatoire.
Bien que situés à l’écart des cultures, les sites urbains étudiés montrent des concentrations de pesticides supérieures à celles que l’on mesure sur certains sites ruraux.
Les effets sur la santé
Les pesticides ne sont pas des produits anodins. Depuis les années 1980, l’implication des expositions professionnelles aux pesticides dans la survenue de plusieurs pathologies (cancers, maladies neurologiques, troubles de la reproduction) est évoquée par des enquêtes épidémiologiques.
L’utilisation de produits phytosanitaires peut entraîner une exposition par inhalation, ingestion et/ou voie cutanée, mais également être responsable de contamination des aliments, de l’eau, du sol, de l’air, etc. Selon l'OMS, l'alimentation et l’eau potable sont les principales sources d'exposition aux pesticides pour la population générale.
Contrairement à l'eau et l'alimentation, les risques des pesticides dans l'atmosphère sont, pour le moment, très peu étudiés, et aucune réglementation sur les valeurs d'exposition n'est en vigueur.