C'est un électrochoc dans le monde politique audois, même si l'intéressé avait prévenu. Mais certains pensaient qu'il irait au bout de son mandat actuel au moins. Surtout en ces temps agités de crises sanitaire et économique. Celui qui présidait le département de l'Aude depuis neuf ans démissionne.
Lors d’une réunion du groupe majoritaire des élus socialistes du conseil départemental ce vendredi 29 mai au matin, le président (PS) André Viola a annoncé à 49 ans son intention de quitter le poste le 18 juin prochain. Joint par téléphone, il explique :
Le président du Conseil Départemental de l’Aude avait en fait prévu d’annoncer sa démission au soir du second tour des municipales, le 23 mars dernier. Mais le report des élections a bouleversé ses plans :Deux mandats consécutifs, c’est suffisant : il faut savoir faire respirer la démocratie. Je l’avais annoncé dès mon élection en 2011.
Je ne me voyais pas partir en pleine crise, il fallait gérer cette épidémie.
Battu aux législatives par la candidate LREM en juin 2017 sur la troisième circonscription de l’Aude, André Viola dément tout intérêt pour les futures sénatoriales ou législatives :
L’assemblé nationale m’a intéressé mais le spectacle et le rôle des députés dans cette législature m’ont fait revenir dessus. Je rêve d’une sixième République où le Parlement retrouverait son rôle.
André Viola ne prend pas sa retraite politique pour autant : il annonce se consacrer dans les prochains mois et les prochaines années prioritairement à la solidarité internationale et à la coopération décentralisée. Dans un post sur son profil Facebook, il développe :
Devant le groupe majoritaire, André Viola a proposé un nom pour lui succéder : il s’agit d’Hélène Sandragné, élue du canton Narbonne 3 et vice-présidente du Conseil Départemental et en charge de l’autonomie : « Quand j’ai proposé son nom au groupe PS, j’ai senti une forte adhésion autour de son nom. C’est à la fois une femme de dossier et de terrain. " Le vote pour l’élection du ou de la nouvelle présidente est programmée le 2 juillet prochain.
De Bram au Département
André Viola, né le 24 mars 1971 à Carcassonne, est militant socialiste depuis 1991. Ce docteur en droit public est d’abord élu comme conseiller régional en 1998, puis en octobre 2003, devient maire de Bram, une ville de l’ouest audois d'un peu plus de 3 000 habitants.
Il y sera réélu en 2008, mais cédera la place à sa dauphine désignée Claudie Méjean en 2011 lorsqu’il est élu à la présidence du Conseil départemental de l’Aude. Car André Viola est conseiller général depuis les élections de 2001 et assure sa réélection en 2008. Lorsque Marcel Raynaud, le président socialiste du Conseil général de l’Aude démissionne de cette fonction en 2011, il propose le nom d’André Viola comme successeur. Ce-dernier avait été réélu aux élections départementales de 2015.
André Viola a incarné le socialisme audois pendant dix ans. Conseiller pour le le tourisme du candidat François Hollande lors de la présidentielle de 2012, son nom revient à chaque remaniement, mais le quadragénaire n’obtiendra jamais de maroquin. En 2016, pour la primaire socialiste, il choisit de soutenir Manuel Valls dont il intègre l’équipe de campagne. En 2017, candidat aux élections législatives sur la troisième circonscription de l’Aude (sa terre d’élection habituelle), il y est pourtant battu par la candidate LREM Mireille Robert. La démission de la présidence du conseil départemental de cet « animal politique » constitue une surprise pour le monde politique audois.