“Et je suis fier d’être Bourguignon !” : Jean-Marie Le Pen, le Front National et la Bourgogne, une histoire d'amour-haine

Jean-Marie Le Pen est mort à l'âge de 96 ans, a annoncé sa famille ce mardi 7 janvier. S’il n’était pas revenu officiellement en Bourgogne depuis plusieurs années, le “Menhir” avait fait de notre région une de ses terres de prédilection, un berceau du Front National.

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“Et je suis fier ! Et je suis fier ! Et je suis fier d’être Bourguignon !” scande Jean-Marie Le Pen, pull rouge devant la banderole de son parti. Nuits-Saint-Georges, 11 février 2012 : c’est la dernière apparition publique du “Menhir” en Bourgogne. À deux mois de la présidentielle de 2012, il vient soutenir Marine Le Pen et récolter des parrainages pour elle.

Un passage de témoin de père à fille, en terrain conquis : en plusieurs décennies, Jean-Marie Le Pen a solidement ancré le Front National en Bourgogne. 

Beaune, 1974. “À force de relâchement, à force de promesses, à force d'expériences avortées, nous approchons d’une crise nationale grave”, déclame un Jean-Marie Le Pen tribun, dans le vignoble bourguignon.

Quelques années plus tard, c’est d’ailleurs un Beaunois, le négociant en vins Pierre Jaboulet-Verchère, qui deviendra le visage du FN dans la région.

Chalon-sur-Saône, 1985. Au début des années 80 arrivent les premiers succès électoraux. L’audience du FN s’élargit. Ce soir-là à Chalon-sur-Saône, 1200 personnes sont venues entendre le discours de Jean-Marie Le Pen. Une cible : les immigrés. “Il est normal que s’il n’y a plus de travail, ces gens rentrent chez eux”, déclame le frontiste. 

Avec la notoriété vient la contestation. Désormais, les venues en Bourgogne du leader d’extrême-droite s’accompagnent toujours de manifestations. Pas de quoi décourager Jean-Marie Le Pen qui, poursuivant sa conquête de la Bourgogne, se rêvera en Vercingétorix quelques temps plus tard, à Alésia. 

Beaune, 1991. Jean-Marie Le Pen organise à Beaune son université d’été. Puis un important meeting un an plus tard à Dijon. En retour, 4000 opposants descendent dans la rue, avec une violente répression policière à la clé.

Dijon, 1995 : nouveau meeting, nouvelle manifestation. “Blanc, noir, gris, c’est ‘tous pareils’, on est tous égaux et Le Pen n’a pas le droit de dire ce qu’il dit !” scande un manifestant.

Chauffailles, 2001 : aux municipales, cette petite ville de 3600 habitants dans le Charolais-Brionnais est la première commune de Bourgogne à être remportée par le Front National. Le parti s’ancre dans la ruralité.

Fontenoy, 2002. Jean-Marie Le Pen s’arrête dans l’Yonne. Nous sommes à un mois de la présidentielle. “La France est foutue, quel que soit le type qu’on aura. Y a que Le Pen qui pourra nous sortir de là !”, tranche une sympathisante. “C’est Le Pen ou personne ! Tous pourris”, dit encore un habitant.

 

Un mois plus tard, les résultats du scrutin tombent. En Bourgogne, Jacques Chirac obtient 19 % des voix, Jean-Marie Le Pen 18,3 % et Lionel Jospin, le candidat socialiste, ne passe pas la barre du second tour avec 16,2 % des voix. À gauche, c’est la stupeur. Et la colère : les manifestations spontanées se multiplient, avec en point d’orgue le 1er mai.

15 000 personnes défilent à Dijon. On connaît l’issue : au final, le “front républicain” fera barrage contre le Front National et Jacques Chirac sera réélu avec 82 % des voix au second tour. Mais Le Pen, lui, ne lâche pas.

 

Dornes, 2004 : le “Menhir” choisit la campagne nivernaise - une terre autrefois socialiste - pour une visite. “Nous sommes dans une discothèque, alors on va… Allumeeeeer le feu ! Allumeeer le feu !” crie un Jean-Marie Le Pen survolté en imitant Johnny Hallyday. 

Parlant de lui à la troisième personne : “Le candidat du FN, qui est votre serviteur, est arrivé premier pour les ouvriers, pour les chômeurs, pour les jeunes de 18 à 35 ans. Il n’y manquait que les agriculteurs : je les entends venir de loin !” tonne le frontiste.

20 ans après, la graine a germé dans l’électorat agricole et le Rassemblement National récolte les fruits du Front National. Aux européennes 2024, le candidat du RN Jordan Bardella était placé largement favori par les agriculteurs (selon une étude du Cevipof consultable ici). Aux législatives anticipées de juillet, le RN a remporté la majorité des circonscriptions de Bourgogne.

► Avec Vincent Thollet

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