Les agriculteurs et le monde du bâtiment manifestent ce vendredi 18 mars à Carcassonne. Ils protestent contre la flambée du prix des matières premières, notamment du gazole, depuis le début de la guerre en Ukraine.
Un centre-ville entièrement congestionné et un concert de klaxons : la démonstration de force semble réussie pour les manifestants à Carcassonne. Ils manifestent ce vendredi 18 mars à l'appel du Syndicat des Vignerons de l'Aude, de la FDSEA, principal syndicat agricole, des Jeunes Agriculteurs mais aussi de la Capeb 11 (Chambre syndicale de l'artisanat et des petites entreprises du Bâtiment de l'Aude). Ils protestent contre la "flambée brutale du prix des matières premières, notamment du gazole, essentielles aux activités de nos entreprises". Les manifestants étaient 300 d'après la police, 450 à 500 s
elon les organisateurs.
De nombreux tracteurs et engins agricoles ont convergé toute la matinée vers la préfecture de l'Aude. Les agriculteurs notamment, s'étaient donné rendez-vous à l'extérieur de la ville. Puis la colonne, composée pour l'essentiel de tracteurs mais aussi de quelques camions d'entreprise du BTP, a pris la direction de la préfecture de l'Aude. Où des orateurs ont pris la parole dans un mégaphone, juchés sur un camion plateau.
De la colère malgré les annonces
Une manifestation annoncée en début de semaine, avant les annonces gouvernementales du 16 mars, d'un plan de soutien pour les entreprises, notamment agricoles et industrielles, face aux augmentations des matières premières.
Mais les 15 centimes de compensation annoncés par Jean Castex n'ont pas calmé la colère de ces professions. Jean-Pierre Alaux, président de la FDSEA de l'Aude a ainsi dénoncé "une aumône." "Ca ne ressemble à rien, on ne peut pas l'expliquer. C'est presque une insulte, ça ne correspond à rien," s'énervait le leader agricole. Qui donnait aussi des chiffres pour prendre la mesure des augmentations récentes : "Aujourd'hui, le gazole non routier (ndlr : le carburant détaxé qu'utilisent les agriculteurs mais aussi les professionnels du bâtiment dans leurs engins) est à trois fois son prix du mois de mai 2021. Il était autour de 0,60 centimes le litre. Aujourd'hui on est à 1 euros et 88 centimes."
Une explosion des coûts qui fragilise les exploitations agricoles. Mais aussi les entreprise du BTP. Olivier Coulom, le président de la Capeb 11, qui avait aussi appelé à manifester, s'inquiète pour son secteur d'activité : "Les trésoreries sont à zéro. On vivait de petites marges depuis un an et demi ou deux ans. Et ces petites marges, on nous les enlève. Le gouvernement ne se rend pas compte de ce que pèsent les petites entreprises du bâtiment. C'est 95% des entreprises, c'est une manne économique. Le gouvernement le sait et ne réagit pas."
Une inquiétude partagée par Frédéric Rouanet, le leader du Syndicat des vignerons de l'Aude, qui pense déjà au coup d'après : "Ce n'était qu'un premier avertissement. C'est une démonstration de force qui montre à l'Etat qu'il faut trouver des solutions un peu plus fortes que les annonces du Premier ministre. Parce que sinon, dans les jours à venir, on pourrait se diriger vers des blocages de raffinerie."
Les manifestants ont déversé un camion de gravats près de la Préfecture, avant qu'une délégation ne soit reçue par Thierry Bonnier, le préfet de l'Aude.